A l’aube du XXe siècle, à côté du rouge progressiste, du bleu conservateur et du blanc monarchiste, l’Occident voit apparaître de nouvelles couleurs idéologiques et politiques. Ainsi le violet, choisi en 1903 par le mouvement des suffragettes, réclamant au Royaume-Uni le droit de vote pour les femmes et davantage d’égalité entre les sexes. Ce choix n’est pas très bon. Certes, la couleur est libre, mais c’est alors – et cela reste – une couleur mal-aimée. Toutes les enquêtes d’opinion montrent déjà que les trois couleurs les plus détestées en Europe sont le brun, le violet et le rose. Les historiens n’en ont jamais parlé, mais il est probable que le choix d’une telle couleur a fait beaucoup de tort aux mouvements féministes qui l’ont adoptée par la suite.

Du côté de l’islam, c’est le vert qui prend peu à peu une dimension politique alors qu’il n’était, jusqu’aux années 1950, qu’une couleur religieuse. Il est adopté par les révoltes contre
les pouvoirs autoritaires en place, lesquels, bien que musulmans, restent politiquement adeptes d’autres couleurs.

Le choix de la couleur orange fait par la révolution ukrainienne dès le mois de février 2014 est à l’origine un choix « par soustraction » : la couleur est disponible. C’est presque la seule. En outre, symbole de chaleur et d’énergie, l’orange a bonne presse dans l’opinion. Rapidement une signification qu’il n’a pas au départ lui est donnée : cet orange, qui a la couleur des gilets et des bouées de sauvetage, devient un orange salvateur. Il faut sauver l’Ukraine, c’est cette couleur qui va le faire. Comme souvent dans le monde des emblèmes, une signification donnée a posteriori finit par recouvrir les véritables origines et passer pour la raison première du choix qui a été fait auparavant.

L’emblème des parapluies jaunes choisi par les manifestants de Hongkong dressés contre le gouvernement chinois à l’automne 2014 étonne un Occidental. La signification politique du parapluie est à peu près nulle, et le jaune est de longue date la couleur des traîtres, à l’image des « syndicats jaunes » qui, dans la première moitié du XXe siècle, roulaient pour le patronat. Depuis, une telle couleur est bannie de la vie politique européenne. Mais c’est une couleur valorisée dans le monde chinois. Quant au parapluie, il a une fonction utilitaire :
se protéger des gaz lacrymogènes.

Plus récemment, le noir des vêtements des black blocs évoque l’anarchie nihiliste et la mort. Un choix assez banal, dans la filiation de l’ancien drapeau noir, mais efficace : il dissimule celui qui s’en vêt et terrorise tous ceux qui l’entourent.

Les rendez-vous de la rédaction du Monde à Blois

JEUDI 11 OCTOBRE

  • La photo de presse : fabrique d’icônes ?

14 h 30-16 heures – Château royal de Blois, salle des conférences
Avec Jean-François Leroy (directeur du festival Visa pour l’image à Perpignan), Laurent Van der Stockt (photojournaliste), coanimé par Emmanuel Davidenkoff (rédacteur en chef au Monde), et Marie Sumalla (responsable du service photo du Monde).

  • Les macronomics

19 h-20 heures – Maison de la magie
Avec Elie Cohen (directeur de recherche au CNRS, professeur à Sciences Po), animé par Philippe Escande (éditorialiste économique au Monde).

VENDREDI 12 OCTOBRE

  • Le monde échappe-t-il aux occidentaux ?

14 h 30-16 heures – Halle aux grains, hémicycle
Avec Bertrand Badie (politiste), Michel Foucher (géographe et ancien ambassadeur de France), animé par Gaïdz Minassian (journaliste au Monde).

  • A qui appartient l’entreprise ?

18 h-19 h 30 – Conseil départemental, salle Kléber-Loustau
Avec Patrick Artus (économiste et directeur de la recherche et des études de Natixis), Pierre-André de Chalendar (président-directeur général du groupe Saint-Gobain), Isabelle Ferreras (sociologue et politologue), Jean-Paul Pollin (professeur à l’université d’Orléans et ancien président du conseil scientifique de La Revue économique), animé par Antoine Reverchon (journaliste au Monde).

SAMEDI 13 OCTOBRE

  • Notre histoire en images

11 h 30-12 h 30 – Château royal de Blois, salle des conférences
Avec Régis Debray (essayiste, romancier, journaliste et mémorialiste), animé par Nicolas Truong (journaliste au Monde).

  • L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe

14 h 30-15 h 30 – Château royal de Blois, salle des conférences
Avec François-Xavier Fauvelle (historien et archéologue spécialiste de l’Afrique), animé par Julie Clarini (journaliste au Monde).

  • L’histoire de l’Europe peut-elle nous aider à affronter les défis d’aujourd’hui ?

16 h-17 h 30 – Université, amphi 1
Avec Christophe Charle (historien), Bruno Dumézil (historien), Daniel Roche (historien), animé par Jean Birnbaum (responsable du Monde des livres).

DIMANCHE 14 OCTOBRE

  • Les images et les couleurs de la révolution

11 h 30-13 heures – Château royal de Blois, salle Gaston d’Orléans,
Avec Antoine de Baecque (historien, critique de cinéma et de théâtre), Laurent Gervereau (historien spécialiste des images), Michel Pastoureau (historien médiéviste), animé par Michel Lefebvre (journaliste au Monde).

  • Michel Foucault, lecteur des pères de l’église

14 h 30-16 heures – Château royal de Blois, salle des conférences
Avec Jérôme Lagouanère (professeur agrégé de lettres), Jean Reynard (scénariste, adaptateur et dialoguiste), animé par Florent Georgesco (journaliste au Monde des livres).

  • Il faut dire que les temps ont changé

11 h 45-12 h 45 – Halle aux grains, hémicycle
Avec Daniel Cohen (économiste), animé par Antoine Reverchon (journaliste au Monde).

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