Magic Leap, la société de réalité augmentée, créée par Rony Abovitz en Floride, fait à nouveau parler d’elle ce mercredi 10 octobre. Elle a annoncé lors de sa conférence annuelle (le LEAP Con) une feuille de route assez précise sur les évolutions de ses lunettes, qui exploitent une technologie atypique, celle du lightfield.

Ce système mystérieux d’affichage d’objets virtuels directement sur votre rétine laisse nombre d’ingénieurs, proches des questions de la réalité virtuelle, assez perplexes. Mais il offre plusieurs avantages, dont celui de la compacité. Il ne s’appuie pas sur un système fermé de réalité virtuelle, comme les casques d’Occulus ou de HTC – les deux leaders du marché –, mais de lunettes translucides, relativement légères et futuristes, grâce auxquelles vous pouvez avoir une expérience de réalité augmentée dans le monde réel.

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Lors de la conférence annuelle, développeurs et représentants de la marque, dont Neal Stephenson, le célèbre auteur cyberpunk engagé comme chief futurist en 2014, se sont employés à détailler plus avant le concept de magicverse, évoqué il y a quelques mois par Rony Abovitz.

Couches superposées

Magic Leap définit plusieurs couches superposées au monde réel, qui composent le champ d’application de ce magicverse. L’interaction se fera par des éléments visuels et sonores, ce qui paraît évident, mais aussi grâce au toucher, aux odeurs et aux saveurs. Peu d’information sur la façon dont ils comptent obtenir de tels résultats, si ce n’est un nom : le Sensory Field Computing. Le magicverse sera aussi composé d’un lifestream, qui permettra à l’utilisateur de rester anonyme dans ce monde stratifié, ainsi qu’une IA qui va apprendre de vos comportements.

Le "magicverse", ce sont les couches qui se superposent au réel et que peuvent explorer le Magic Leap avec des applications de réalité augmentée.

Au-delà de ces annonces assez théoriques, l’audience des développeurs a pu se réjouir d’annonces techniques qui les concernent directement. Sur le système d’exploitation de ces lunettes d’un nouveau genre tout d’abord, nommé LuminOS. En matière de code, Magic Leap veut utiliser les langages communs et des standards ouverts, avec la mise à disposition d’une plate-forme d’application AR (MagicScript), fondée sur le javascript, le langage transversal des développeurs. Unity et Unreal Engine sont aussi prévus dans la feuille de route, deux outils vitaux pour le développement d’applications ludiques.

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En matière de compatibilité, le système Magic Leap jusqu’alors conçu comme fermé, s’ouvrira aussi progressivement aux appareils « rivaux » que peuvent être les smartphones et tablettes, avec lesquels ils pourront interagir. Il semble que la société ait compris l’urgence d’étoffer son tout nouveau Magic Leap World Store et de créer le désir chez les développeurs d’investir sur leur plate-forme. C’est un enjeu vital, car sans contenu la réalité augmentée est vouée à l’échec.

Survie en question

Du côté de l’utilisateur, c’est une application sociale, Avatar Tchat qui permettra une discussion entre trois personnes dans un espace partagé, avec possibilité d’interagir avec des éléments communs d’interface. Le Leap Motion est, semble-t-il, capable de détailler nombre de détails faciaux et d’expressions corporelles, qui seront appliqués à des avatars en style cartoon personnalisables.

Cette rafale d’annonces vient donner un peu de corps à cet appareil balbutiant qu’est le Magic Leap One. La société américaine est rarement aussi prolixe, et le lancement de ses lunettes au mois d’août, après des années d’attente et d’observation des spécialistes techno, ne lui laisse plus le choix. Après plus de trois heures de conférence assez technique, on est loin de la farce de Rony Abovitz au début de Magic Leap, lors d’un TEDx resté célèbre, où il a surpris son public avec un message de… trente secondes, habillé en combinaison spatiale. Si la société a réussi à lever la somme colossale de 2,4 milliards de dollars en cinq ans, sans avoir rien montré, elle ne peut plus se permettre ce secret et ces excentricités. C’est de sa survie dont il est question.