L’Etat engagera plus de 2 milliards d’euros au cours des dix prochaines années afin de soutenir, à reconstruire les copropriétés en difficulté, a annoncé mercredi 10 octobre  Julien Denormandie, secrétaire d’Etat à la Cohésion des Territoires. / Daniel Thierry / Photononstop

Le gouvernement fait de la lutte contre les copropriétés dégradées une priorité. Environ 15 % des immeubles en France seraient touchés par des difficultés plus ou moins importantes.
Des ascenseurs mis à l’arrêt parce que les travaux de mise aux normes n’ont pas été effectués, un chauffage collectif éteint en plein hiver car la note de gaz n’est pas réglée : telle est la situation dans certaines copropriétés en difficulté.

Dans ces immeubles, les copropriétaires ne peuvent pas vendre leur appartement car le prix au m2 s’est effondré et, ne pouvant se loger ailleurs, se retrouvent contraints d’y rester. Seuls des « marchands de sommeil » achètent à bas prix les appartements pour y loger très cher des familles qui n’ont pas d’autre choix.

Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’aider 684 copropriétés en difficulté, soit près de 56 000 ménages. « Et 128 immeubles comprenant 23 330 logements particulièrement dégradés seront soutenus en priorité », a annoncé Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la cohésion des territoires.

L’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah) va mobiliser 2 milliards d’euros sur ces dix prochaines années, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) apportera 500 millions d’euros, le réseau Pro Civis – un opérateur social – contribuera à hauteur de 240 millions d’euros et le groupe Action Logement financera les demandes des collectivités locales au cas par cas. Ces fonds permettront à ces acteurs publics de se substituer provisoirement aux copropriétaires, de réaliser les travaux les plus urgents et d’accompagner ensuite les copropriétés afin de pérenniser leur redressement.

Les impayés de charges représentent 29 % du budget des immeubles

« Mais ce plan copropriété ne concerne que la partie émergée de l’iceberg car un très grand nombre d’immeubles sont concernés par des difficultés plus ou moins importantes », regrette l’Association des responsables de copropriété (ARC). Dans un rapport de 2012, Dominique Braye, alors président de l’Anah, estimait que 15 % des sept millions de copropriétés françaises présentaient des difficultés financières ou de fonctionnement. Des impayés de charges qui pèsent sur la trésorerie, des travaux importants à financer peuvent, en effet, poser de graves problèmes dans une copropriété a priori sans histoire.

Une analyse menée fin 2017 sur deux mille immeubles par l’ARC montre que les impayés de charges représentent en moyenne 29 % du budget des immeubles et le montant moyen par lot de fournisseur impayé est passé en trois ans de 238 euros à 394 euros, soit une augmentation de 66 %. Le projet de loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan) qui vient d’être voté au Parlement prévoit des mesures pour simplifier la gestion des copropriétés et éviter qu’elles ne s’enfoncent dans les difficultés. Cela suffira-t-il ? Pas sûr.