Les juges d’instruction ont aggravé, vendredi 12 octobre, la mise en examen de Marine Le Pen, requalifiée en « détournements de fonds publics » dans l’affaire dite des assistants parlementaires du Front national (devenu Rassemblement national), a indiqué la présidente du RN à l’Agence France-Presse (AFP). Convoquée vendredi par les juges, Marine Le Pen, précédemment mise en examen pour « abus de confiance » et « complicité d’abus de confiance », est ressortie du tribunal en fin de matinée.

Le délit de « détournements de fonds publics » est passible de dix ans d’emprisonnement et d’un million d’euros d’amende, contre trois ans de prison et de 375 000 euros d’amende pour l’abus de confiance.

Marine Le Pen n’a pas répondu aux questions des juges sur le fond vendredi, arguant qu’elle attendait une décision de la Cour de cassation sur un recours devant être examiné le 27 novembre, a-t-elle précisé à l’AFP. « L’autorité judiciaire ne peut s’ériger en arbitre du contenu du travail politique d’un député et de son bien-fondé sauf à violer le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs », a-t-elle déclaré à l’AFP au sujet de ce recours.

« J’ai donc indiqué aux magistrats que je répondrai à l’ensemble de leurs questions après que la chambre criminelle ait tranché cette question de principe qui est absolument primordiale par sa nature constitutionnelle, puisqu’elle touche à l’essence même des principes démocratiques de la République », a-t-elle ajouté.

« Système »

Les juges financiers Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke enquêtent sur un possible « système » mis en place par le Rassemblement national (RN, ex-FN) permettant de salarier fictivement des assistants parlementaires européens par les fonds de Bruxelles, tandis que les intéressés travaillaient pour le parti en France. L’information judiciaire vise dix-sept députés et les contrats d’une quarantaine de collaborateurs pour un préjudice évalué par le Parlement européen à 6,8 millions d’euros entre 2009 et 2017, sur deux mandatures.

En juin, les magistrats avaient ordonné une saisie de 2 millions d’euros sur des subventions publiques, montant finalement réduit à 1 million d’euros par la cour d’appel de Paris, le 26 septembre. L’information judiciaire ouverte pour « abus de confiance et escroquerie en bande organisée » cumule à ce stade une quinzaine de mises en examen connues, pour « abus de confiance », complicité ou recel de ce délit.

Sont notamment concernés le Front national, Louis Aliot, le compagnon de la présidente, et Nicolas Bay, dont le nom circule pour conduire la liste du RN aux élections européennes de 2019. Les magistrats envisagent désormais de requalifier toutes les mises en examen existantes, depuis une jurisprudence récente de la Cour de cassation.

Enquête préliminaire dans un dossier séparé

Marine Le Pen est visée depuis le 20 septembre par une enquête préliminaire pour avoir publié sur Twitter un acte de procédure la concernant, a indiqué jeudi le parquet de Nanterre, confirmant une information du magazine Challenges. Mise en examen en mars par le parquet de Nanterre pour avoir publié des photos d’exactions de Daech sur Twitter, la présidente du Rassemblement national (RN) avait en effet publié sur le réseau social l’ordonnance de la juge d’instruction demandant, dans le cadre de ce dossier, une expertise psychiatrique.