« Le Quotidien » (1964), de Peter Stämpfli, huile sur toile. / PETER STÄMPFLI / COURTESY OF GALERIE GEORGES-PHILIPPE ET NATHALIE VALLOIS

C’est un chapitre méconnu de l’histoire du pop art, chapitre bref mais remarquable. En 1959, Peter Stämpfli, né en Suisse en 1937, s’établit à Paris. Il y découvre l’expressionnisme abstrait américain, l’imite, puis s’en détache vite, comme la plupart des artistes de sa génération, Andy Warhol, David ­Hockney, Gerhard Richter ou Martial Raysse. Tous perçoivent le changement d’époque : l’empire de la consommation de masse et de la publicité commence. A partir de 1963, Stämpfli découpe des fragments de réclames et de photos dans les magazines et les agrandit par l’épiscope et la peinture. Sur un fond monochrome, il représente avec une neutralité absolue un lavabo, deux mains masculines tenant un journal, deux mains féminines lavant une assiette, un fer à repasser, un demi de bière, un réfrigérateur ouvert.

Ces morceaux choisis deviennent les allégories d’un présent confortable, standardisé et mortellement monotone. On y voit à nu la répartition des rôles entre les sexes, mieux que chez la plupart de ses contemporains : madame fait la vaisselle, se vernit les ongles, se poudre le visage et reçoit de monsieur une rose de couleur jaune, probablement artificielle. Stämpfli a l’œil précis et l’ironie glacée. En une douzaine de toiles, l’exposition le situe où il doit l’être : parmi les inventeurs du pop art, côté satire.

« Stämpfli Pop 1963-1964 », galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, 33 et 36, rue de Seine, Paris 6e. Du lundi au samedi, de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 20 octobre.