Il y a presque un an jour pour jour, la journaliste Sandra Muller lançait en France le hashtag #balancetonporc. Le 13 octobre 2017, alors que l’affaire Weinstein – du nom du producteur américain accusé par une centaine de femmes d’agressions sexuelles – émergeait depuis quelques jours aux Etats-Unis, Sandra Muller décidait de dénoncer elle aussi l’ambiance malsaine du monde du cinéma, de la télévision et des médias en France.

Première cible de ce hashtag largement repris depuis, Eric Brion, l’ancien directeur général de la chaîne de télévision Equidia, a tenté de se défendre sur Europe 1, vendredi 12 octobre.

« J’aurais pu nier les faits. (…) J’ai choisi de reconnaître que j’avais tenu certains des propos qu’elle met dans ma bouche », assure, d’emblée, Eric Brion. Comme il l’avait déjà affirmé dans une tribune au Monde en décembre 2017, il reconnaît, « pas très fier », avoir prononcé la phrase « T’as de gros seins, tu es mon type de femme » à Sandra Muller lors d’« une soirée arrosée » en 2012. « Je lui ai dit sur un ton ironique, après qu’elle m’a dit “stop” : “Dommage je t’aurais fait jouir toute la nuit.” (…) Mais il faut remettre le contexte, il faut remettre l’ironie, sur un tweet, on ne voit pas le ton avec lequel on l’a dit », poursuit-il encore.

« Ce n’est pas du harcèlement, j’ai été lourdingue »

S’il dit regretter son comportement de l’époque, l’ancien DG de la chaîne de courses hippiques se défend de toute situation de harcèlement :

« Je ne considère pas l’avoir harcelée. Harceler, c’est la répétition. J’ai été lourd, couillon, j’ai mal agi, je me suis excusé le lendemain, je me suis de nouveau excusé publiquement. Ce n’est pas du harcèlement, j’ai été lourdingue. »

Celui qui a attaqué en janvier la journaliste en diffamation, explique avoir mis du temps avant de déposer plainte « parce qu’au début ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on est sidéré, on est littéralement broyé ». Invité à livrer ses états d’âme au micro de Nikos Aliagas, le consultant regrette que « tout [ait] changé dans [sa] vie ». « Aujourd’hui, je n’ai pas de travail, j’en cherchais à l’époque, tout le monde m’a tourné le dos dans le monde professionnel », poursuit-il.

« Je fais le procès parce que, d’abord, je n’ai pas fait de harcèlement sexuel à caractère professionnel, répète-il. Et je le fais aussi pour mes filles, mes petits-enfants, arrière-petits-enfants. Quand ils taperont mon nom sur Google, ils ne verront pas harceleur. Ils verront qu’Eric Brion a été blanchi, je l’espère. »

Sandra Muller avait été désignée « briseuse de silence » par le magazine Time, qui avait consacré sa couverture des « personnalités de l’année » 2017, aux femmes à l’origine du mouvement #metoo et des révélations de violences sexuelles, notamment dans le milieu du cinéma. Elle doit prochainement sortir un livre sur les origines de #balancetonporc.

Aux origines de #MeToo. Un débat du Monde festival
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