Edouard Louis, à Francfort, en 2017. / DANIEL ROLAND / AFP

Le parquet de Paris a requis un procès pour l’agresseur présumé de l’écrivain Edouard Louis mais en demandant la requalification des accusations de viol en « agression sexuelle », selon des sources proches du dossier, confirmant une information de L’Obs.

L’étoile montante littéraire avait fait le récit de son agression survenue le soir de Noël 2012, dans son deuxième opus Histoire de la violence (Seuil, 2016). A l’époque celui qui n’est pas encore l’auteur d’En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil, 2014), le livre qui l’a révélé, avait déposé plainte pour viol et tentative de meurtre.

Six ans après, le parquet a requis début octobre un procès pour son agresseur présumé, Reda B., un Algérien de 33 ans mis en examen pour le crime de viol avec arme, mais il demande la requalification des faits en délit d’« agression sexuelle », selon son réquisitoire dont a eu connaissance l’AFP. Si la juge suit ces réquisitions, le procès se déroulera devant le tribunal correctionnel et non devant une cour d’assises.

Le 25 décembre 2012, Edouard Louis avait raconté aux policiers sa rencontre avec Reda, dans la rue, en rentrant du réveillon. Les deux hommes ont eu des relations consenties, mais les choses auraient dégénéré quand Edouard Louis s’est aperçu que sa tablette et son téléphone avaient disparu. En colère, Reda aurait alors essayé de l’étrangler avec une écharpe, en lui disant qu’il avait un « gun », avant de le violer.

« Ligne de répression contraire à ses opinions politiques »

Le suspect Reda B., qui a passé près d’un an en prison, a toujours nié le viol. « Les déclarations constantes de la victime, celles des témoins qui ont recueilli ses confidences ainsi que les constatations médicales permettent d’établir la réalité d’un rapport sexuel non consenti », estime le parquet.

Au cours de l’enquête, le romancier, engagé politiquement et opposé à l’incarcération, avait refusé de se rendre à une confrontation avec le suspect, souhaitant la fin de la procédure et un non-lieu.

« Edouard Louis accepte sans difficulté ce réquisitoire. Aller devant une cour d’assises, cela aurait voulu dire entrer dans une ligne de répression contraire à ses opinions politiques », a déclaré son avocat Emmanuel Pierrat à l’AFP.

« Mon client est innocent, il attend donc un non-lieu, sinon il n’a pas peur, contrairement à Edouard Louis, d’aller devant une cour d’assises. Je ne peux pas imaginer que ce dossier résistera à un examen contradictoire devant des jurés », a réagi l’avocate de Reda B., Marie Dosé.