LES CHOIX DE LA MATINALE

Pour ce week-end de mi-octobre, La Matinale vous propose de découvrir deux personnalités ; Robert Mercer, milliardaire américain qui a pesé de tout son poids pour faire élire Donald Trump ; Denis Mukwege, récompensé par le prix Nobel de la paix pour son travail en République démocratique au Congo auprès des femmes victimes de viols. Mais qui dit week-end dit aussi coupure avec le travail. Ou pas. C’est le propos de Hyperconnectés : le cerveau en surcharge, un documentaire qui revient sur la place des technologies liées à Internet, et les dérives qui en découlent.

L’ombre de Trump

Le milliardaire états-unien Robert Mercer. / ANDREW TOTH

Qui est Robert Mercer ? Inconnu du grand public, il est pourtant l’un des hommes les plus influents du monde. Redoutable stratège, il a compris qu’en prenant possession des données informatiques de millions de personnes, on peut faire basculer le cours d’une élection.

Sans son aide tactique, financière et médiatique, Donald Trump n’aurait pu être élu à la présidence des Etats-Unis. Lorsque s’ouvrent les primaires du Parti républicain pour l’élection de 2016, Mercer jette d’abord son dévolu sur le sénateur du Texas Ted Cruz. Mais ce dernier est balayé par Trump. Qu’à cela ne tienne, il rallie le magnat de l’immobilier. Mieux, il prend le contrôle de sa campagne et impose une nouvelle équipe pour la diriger. A sa tête : Steve Bannon, rédacteur en chef de Breitbart News, un média d’extrême droite racheté par Mercer en 2012, qui produit des « fake news » à la chaîne.

Trump va aussi pouvoir compter sur l’appui d’une firme spécialisée dans le profilage psychologique : Cambridge Analytica, filiale de la société britannique Strategic Communication Laboratories, qui s’est implantée en 2013 aux Etats-Unis grâce à l’appui financier de Mercer. Le réalisateur dévoile un pan méconnu de l’affaire, en détaillant la manière dont ces données ont été utilisées.

Le système politique américain, d’une vulnérabilité confondante, est désormais aux mains des milliardaires, qui, en injectant des sommes colossales, peuvent manipuler leurs concitoyens sans être inquiétés. Pour le moment… Antoine Flandrin

« Comment Trump a manipulé l’Amérique », de Thomas Huchon (France, 2017, 60 minutes). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 6 janvier 2019.

Médecin de paix

Bande-annonce France 5 - Congo, un médecin pour sauver les femmes
Durée : 00:40

Elles ne savent pas si elles doivent continuer à vivre. Le corps en souffrance, elles ne se sentent plus femmes et vivent avec la peur au ventre. Adolescentes, jeunes mères, parfois grands-mères, elles ont été violées par des militaires.

Dans ce coin de la République démocratique du Congo (RDC), au Sud-Kivu – une région riche et convoitée où des groupes armés s’affrontent depuis vingt ans –, « les femmes sont les premières victimes et leurs vagins sont devenus des champs de bataille », dit une voix off, en introduction de ce documentaire qui met en lumière le travail remarquable de Denis Mukwege, 63 ans, récemment récompensé par le prix Nobel de la paix.

En 1999, en pleine guerre civile, ce chirurgien-gynécologue ouvre l’hôpital de Panzi à Bukavu, sa ville natale, pour permettre aux futures mères d’accoucher sereinement. Mais sa première patiente n’attend pas un enfant : elle a été victime d’un viol. Cette année-là, il soignera quarante-cinq femmes qui ont été sexuellement agressées. Trois fois plus l’année suivante.

Denis Mukwege constate que ces femmes sont humiliées et détruites sans que le monde s’alarme de leur sort. Il alerte alors les ONG. Et commence à devenir gênant. Victime de trois tentatives d’assassinat, il quitte la RDC, où il est connu comme « le médecin qui répare les femmes ». Dans les couloirs de l’hôpital, on chante son nom et ses bienfaits : « A celui qui veut du mal à Mukwege, que le malheur s’abatte sur lui ! » En quinze ans, le gynécologue a pris en charge plus de 40 000 femmes. Le documentaire, pudique, traite le sujet du viol avec une grande sensibilité, sans jamais tomber dans le pathos. Mustapha Kessous

« Congo, un médecin pour sauver les femmes », d’Angèle Diabang (France, 2014, 52 minutes). Disponible sur France.tv jusqu’au 18 octobre.

Cerveau au max

Hyperconnectés : Le cerveau en surcharge
Durée : 01:05

Un seul appel manqué et tout est dépeuplé. Depuis une vingtaine d’années, les smartphones, tablettes, ordinateurs et montres intelligentes ont pris une place démesurée dans la vie quotidienne. Texto, vidéoconférence, notification ou courriel, n’importe qui peut désormais être joignable à n’importe quel moment de la journée… ou de la nuit.

On doit cet univers ultra-connecté à Internet, désormais utilisé par la moitié de la population mondiale, qui a changé la façon de communiquer et de consommer de l’information. Ces sollicitations incessantes nous obligent à donner des réponses rapides.

Selon des chercheurs, les e-mails sont la première cause de stress au travail ; leur gestion représenterait 30 % de la journée d’un salarié et un cadre sur deux n’arriverait pas à se déconnecter le soir, avec, pour conséquences, la baisse de la productivité, le syndrome d’épuisement professionnel (burn-out), la dépression, la perte de concentration et la réduction des capacités cognitives…

Alors, comment survivre dans un monde numérisé, qualifié de « laisse numérique », qui attire sans cesse notre attention ? C’est la question que pose ce documentaire. Le propos du film n’est pas de remettre en cause Internet et ses avancées technologiques, mais au contraire de chercher à mettre en garde contre une forme d’addiction aux outils 2.0. Une utilisation immodérée des appareils et autres écrans numériques a des conséquences néfastes sur le corps et l’esprit ainsi que dans la vie personnelle. M. Ks.

« Hyperconnectés : le cerveau en surcharge », de Laurence Serfaty (France, 2016, 55 minutes). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 11 décembre.