Romain Navarrete et Morgan Escaré (de gauche à droite) sur la pelouse d’Old Trafford, à Manchester, avant la finale de samedi entre Wigan et Warrington. / Wigan Warriors

Les treizistes français s’amusent bien, merci pour eux. Enfin, ceux qui se trouvent en Angleterre. Samedi 13 octobre, Morgan Escaré et Romain Navarrete veulent s’offrir un titre de noblesse sur la pelouse gigantesque d’Old Trafford, où jouent d’ordinaire les footballeurs de Manchester United. S’ils battent Warrington en finale (à partir de 19 heures), les deux joueurs de Wigan deviendront les premiers Français à remporter la Super League, le championnat de rugby à XIII qui réunit les meilleurs clubs anglais.

Précisons que cette ligue, créée de toutes pièces il y a deux décennies, inclut aussi un club français : celui des Dragons Catalans de Perpignan, vainqueurs en août de la Coupe d’Angleterre, sur la pelouse de Wembley.

Le rugby à XIII sur les terrains anglais ? « Rien à voir » avec l’Elite 1, le championnat de France, reconnaît Morgan Escaré. Le joueur connaît les deux réalités. Aujourd’hui, la Super League et le professionnalisme : d’abord avec les Dragons depuis 2013, puis avec Wigan depuis 2017. Avant tout cela, l’Elite 1 et le semi-amateurisme avec Saint-Estève XIII catalan, l’équipe bis des Dragons.

Sur les terrains de Super League, une différence principale : « la vitesse ». « Pendant quatre-vingts minutes, ça ne s’arrête quasiment pas. Tu dois avoir à peine une dizaine de minutes d’arrêt de jeu pendant le match. Sinon, c’est du non-stop. » Sensations déroutantes, au départ : « Je me rappelle encore mon premier match. Au début, ça allait tellement vite que je ne me rendais pas compte du temps passé. Je ne faisais que courir et me disais, essoufflé : “C’est pas possible, ça va trop vite.” »

Maillots en ville

A 26 ans, l’arrière tient bon, finalement. « A Wigan, comme avec les Dragons catalans, on s’entraîne tous les jours. A part un jour de repos et le jour du match. » Journée type : « On commence vers 8 heures, on finit vers 15 heures. »

Son déplacement de samedi à Manchester consommera peu d’essence. Toutes les équipes de Super League, à l’exception des Dragons, se concentrent dans le nord de l’Angleterre. Une région où le XIII s’est structuré depuis la fin du XIXe siècle et où il domine encore le XV, à l’inverse de la partie sud du pays (et de la France aussi) : « A Wigan, je ne sais même pas s’il y a une équipe de rugby à XV. » Après vérification, la réponse est oui. « Peut-être seulement une équipe pour s’amuser. Mais pas professionnelle. »

Cette concentration explique aussi les affluences, qui peuvent dépasser les dix mille spectateurs pour un match. Les tenues en ville, aussi : « Ici, il y a des gens qui se promènent avec le maillot du club, par exemple. »

Avec Wigan, Morgan Escaré a déjà remporté un titre en 2017, le World Club Challenge. Une rencontre annuelle entre le champion de la Super League et le vainqueur de la National Rugby League (NRL), championnat phare en Australie, alors représentée par les Cronulla-Sutherland Sharks. Malgré la victoire, le Français admet la supériorité générale de l’hémisphère sud : « La NRL, ça reste quand même encore un niveau au-dessus de la Super League, ça joue encore plus vite. »

L’équipe de France en a déjà fait les frais. Composés à la fois de joueurs de Super League et d’Elite 1, les Coqs avaient quitté la Coupe du monde 2017 déplumés dès le premier tour. Entre autres défaites, celle, imposante, contre l’Australie (52-6). Une blessure aux ligaments croisés avait privé Morgan Escaré de la compétition.

Le joueur, en revanche, fait bien partie de l’équipe de France convoquée pour affronter bientôt l’Angleterre en match amical ; tout comme son coéquipier en club, le pilier Romain Navarrete. Rendez-vous prévu mercredi 17 octobre, à Leigh, non loin de Wigan, quatre jours seulement après la finale de la Super League.