Un piéton passe devant la pochette de l’album posthume de Johnny Hallyday à Paris, le 15 octobre 2018. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Lundi 15 octobre, en début d’après-midi, c’est l’effervescence des grands jours dans les locaux parisiens de Warner Music France, filiale française de la major américaine du disque Warner Music Group. Ce grand jour, c’est celui de la présentation à la presse de Mon pays c’est l’amour, le dernier album studio de Johnny Hallyday, mort le 5 décembre 2017, à l’âge de 74 ans. A l’entrée, deux files, l’une pour les médias (presse écrite quotidienne nationale et régionale, magazines, télévision, radios), l’autre pour une trentaine de fans conviés à l’écoute. En attendant d’entrer, certains d’entre eux chantent Allumer le feu ou Que je t’aime.

Après une courte présentation, durant laquelle il a été précisé que durant la conférence de presse il ne sera question que de l’album, de la musique et de la carrière de Johnny Hallyday, l’écoute commence. Dans la grande salle où le chanteur « avait répété ses deux dernières tournées », indiquera plus tard Thierry Chassagne, président de Warner Music France, pour chacune et chacun, un casque audio dont les écouteurs transmettent une lumière bleue, donnant à l’assemblée une étrange allure.

En dix chansons, auxquelles s’ajoute un instrumental, en cinquième position dans l’ordre du disque, un premier constat, celui d’une couleur rock affirmée, avec dans la majorité des cas un tempo assez enlevé – seule Pardonne-moi est dans un mouvement lent, quand généralement dans les précédents albums d’Hallyday, dont Rester vivant en 2014 et De l’amour en 2015, on trouvait un équilibre entre ballades et rock. La prise de son claire valorise autant la présence vocale du chanteur que la formation de base, avec guitares, électriques et acoustiques, claviers (piano et orgue), basse et batterie. Sur certaines chansons, une section de cuivres, des chœurs, des arrangements de cordes et de vents.

Les thèmes chers au chanteur

Si les musiques ont été toutes composées par Maxim Nucci, dit Yodelice, compositeur et réalisateur de l’album, ou co-composées pour quatre d’entre elles avec Yarel Poupaud, les textes sont signés par plusieurs auteurs. Pierre Jouishomme, Christophe Miossec, Pierre-Yves Lebert, Jérôme Attal, déjà là sur d’autres albums, et des nouveaux venus, Katia Landreas, le duo Yoahnn Mallory et Hervé Le Sourde pour trois chansons, et Boris Lanneau, un fan, qui avait proposé en 2015 des textes à Bertrand Lamblot, directeur artistique de Warner Music France, dont Tomber encore qui a plu à Hallyday. Musicalement avec son accroche de piano, l’alliance avec l’orgue, des clochettes, ce Tomber encore, l’une des chansons les plus réussies, a l’allure d’un rock façon Bruce Springsteen. Ailleurs, des références au rock à la Rolling Stones, avec croisement des guitares en lead-rythmique, sont perceptibles.

Ecrire pour Hallyday c’est être, comme tant d’autres avant, en relation avec les grands thèmes chers au chanteur. La référence fondatrice au rock’n’roll (Made in rock’n’roll, adaptation par Pierre-Dominique Burgaud de Let The Good Times Roll, de JD Mc Pherson), l’évocation des Etats-Unis (L’Amérique de William, avec des paysages de motels, de drive-in, de grands espaces, une approche country avec sonorités probables de dobro, pedal steel), l’homme amoureux avec ses désirs et ses faiblesses (Pardonne-moi, Back in LA, Tomber encore), le battant. Dans 4 m2, un thème social écrit par Pierre-Yves Lebert, celui de l’enfermement d’un prisonnier, l’une des chansons les plus réussies, un rock-blues.

A l’issue de l’écoute, qui a permis d’entendre un album bien dans la manière d’Hallyday, Thierry Chassagne, Rose-Hélène Chassagne, directrice du label Warner, Maxim Nucci, Bertrand Lamblot et Sébastien Farran, le manager de Johnny Hallyday, sont revenus sur certains éléments de la genèse de cet album. En mars 2017, Johnny Hallyday avait posé sa voix sur les maquettes instrumentales de Pardonne-moi, Un enfant du siècle et Je ne suis qu’un homme. Ce sont « ces prises vocales qui ont été conservées et qui étaient extraordinaires », explique Bertrand Lamblot. Pour les sept autres chansons, la voix a été enregistrée entre fin septembre et début octobre. « Johnny a fait peu de prises pour chaque chanson, a indiqué Maxim Nucci. Le cas échéant, on a fait un travail traditionnel de composite de différentes prises, qui est un montage des meilleures parties de sa voix. »

Huit cent mille exemplaires disponibles vendredi

C’est en août 2017, à Los Angeles, qu’ont été enregistrées les musiques. Avec Dean Parks et Val McCullum aux guitares, Brad Cole aux claviers, Davey Faragher à la basse et Matt Chamberlain à la batterie. En tout vingt-deux compositions – dont les trois qui étaient à l’état de maquette et qui ont été réenregistrées alors –, parmi lesquelles Johnny Hallyday a choisi celles qu’il souhaitait chanter. Il n’y a pas à la suite de ces séances « d’autres chansons que les dix de l’album », précise Bertrand Lamblot.

Les arrangements de cordes et de vents, sous la direction d’Yvan Cassar, des parties de choristes, les interventions d’une section de cuivres de haut niveau – les cinq musiciens de l’album Rester vivant –, des ajouts de guitares par Maxim Nucci et Yarol Poupaud pour deux chansons, tout cela discuté et décidé avec Johnny Hallyday, ont été effectués après sa mort. L’album ayant été finalisé fin janvier 2018 avec le mixage par Bob Clearmountain, familier des enregistrements de Johnny Hallyday depuis plus de quinze ans.

C’est donc à partir du vendredi 19 octobre dans les magasins – certains seront ouverts dans la nuit, à partir de minuit – et sur toutes les plateformes de diffusion en ligne que sera commercialisé ce dernier album. La mise en place pour ce 51e album studio d’Hallyday sera « exceptionnelle avec 800 000 exemplaires », a indiqué Thierry Chassagne. Un nombre qui n’a pas été vu pour un artiste français depuis des années.

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