« Même à mon âge, j’ai des choses à montrer, à dire aux téléspectateurs », plaidait encore au début de juin Patrick Sébastien dans un entretien au Parisien. L’animateur vedette de 64 ans n’aura vraisemblablement pas convaincu la direction de France Télévisions. Selon le même quotidien, France 2 lui a fait savoir, en fin de semaine dernière, qu’il ne serait pas reconduit à la rentrée prochaine, en septembre 2019. Les deux émissions qu’il présente et produit, « Le Plus Grand Cabaret du monde » et « Les Années bonheur », seront toutefois maintenues à l’antenne jusqu’au terme de son contrat, en juin 2019.

L’éviction de cette figure historique du service public apparaît comme le dénouement prévisible de sa relation houleuse avec l’actuelle direction de France Télévisions, incarnée par Delphine Ernotte depuis août 2015 et par son numéro 2, Takis Candilis.

Baisse d’audience des derniers « prime time »

Pour cette saison, France 2 a rogné le nombre de premières parties de soirée accordées aux deux émissions de Patrick Sébastien, tout en enterrant le talk-show humoristique qu’il souhaitait lancer. S’estimant poussé peu à peu vers la sortie, l’animateur, arrivé en 1996 sur la chaîne, avait ces derniers mois multiplié les apparitions dans les médias pour dénoncer cette décision.

Dans la dernière en date — une interview au magazine Télé Star, le 8 octobre —, il a lancé un ultimatum à son employeur, menaçant de quitter France 2 si son temps d’antenne n’était pas revu à la hausse à la rentrée prochaine. « S’ils me donnent moins, je ne resterai pas. Et s’ils me donnent la même chose, je ne resterai pas non plus ! », a-t-il promis. La direction du groupe audiovisuel public aura finalement pris les devants.

Certes, la chaîne pourrait justifier ce choix en pointant la baisse d’audience des derniers prime time de Patrick Sébastien. En 2017, « Les Années bonheur » et « Le Plus Grand Cabaret du monde » n’ont respectivement réuni que 2,6 millions et 2,7 millions de téléspectateurs en moyenne, selon Médiamétrie (12,1 % et 14 % de part de marché), contre 3,6 millions et 3,5 millions en 2015 (16,5 % et 18 %).

Rajeunir les visages du service public

Il n’en demeure pas moins que le limogeage de l’animateur et producteur semble s’inscrire dans la droite ligne de la volonté de Delphine Ernotte de renouveler et de rajeunir les visages du service public. « On a une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans et ça, il va falloir que ça change », avait déclaré la PDG de France Télévisions au micro d’Europe 1 quelques semaines après sa nomination, souhaitant voir sur le petit écran « des femmes, des jeunes, toutes les origines ». Des propos qui avaient alors déclenché une vive polémique, et qui résonnent encore trois ans plus tard, avec la mise à l’écart de Patrick Sébastien.

Cette stratégie avait conduit au départ d’autres présentateurs iconiques avant lui. Parmi eux, Julien Lepers (69 ans), Daniel Bilalian (70 ans) Gérard Holtz (70 ans), Georges Pernoud (69 ans), Catherine Ceylac (64 ans) ou encore William Leymergie (70 ans).

Contactés, la direction de France Télévisions et Patrick Sébastien n’ont pas souhaité faire de commentaire.