Après avoir fait évacuer la gare et bouclé le quartier situé au pied de la cathédrale de Cologne, les forces spéciales ont donné l’assaut en début d’après-midi. / MARIUS BECKER / AFP

La police allemande a déclaré lundi 15 octobre au soir ne pas exclure la piste d’un « attentat terroriste » après la prise d’otage survenue dans la gare de Cologne qui a fait trois blessés en plus de l’assaillant.

« L’enquête explore toutes les directions. Nous n’excluons pas non plus un attentat terroriste », a dit une responsable de la police de Cologne, Miriam Brauns, au cours d’une conférence de presse.

« Il pourrait s’agir d’une tentative d’attentat que nous avons fait échouer », a précisé le responsable de la police judiciaire de Cologne, Klaus-Stephan Becker, évoquant la piste islamiste.

Bien que l’homme ne soit pas connu comme un islamiste, il a donné des « indices » laissant penser qu’il pouvait avoir une connexion avec cette mouvance.

Il s’est notamment réclamé du groupe Etat islamique (EI) au cours de la prise d’otage dans une pharmacie de la gare. Un document d’identité concernant une personne née en Syrie en 1963 a notamment été retrouvé sur les lieux. Il s’agit « très vraisemblablement » de la même personne, a expliqué la police.

Selon les enquêteurs, le détenteur de la carte d’identité, dont le permis de séjour en Allemagne était valable jusqu’en 2021, était bien connu des services de police pour divers délits depuis 2016 tels que des vols et des menaces.

Au cours de la prise d’otage, l’individu « a exigé la libération d’une Tunisienne » et également qu’une valise qu’il avait laissée un peu plus tôt dans un autre endroit « lui soit rendue », a dit la police.

Cocktail Molotov et bonbonnes de gaz

Les faits se sont déroulés lundi en milieu de journée.

L’homme a d’abord jeté un cocktail Molotov dans un établissement de restauration rapide situé dans une galerie marchande de la gare de Cologne, l’une des plus fréquentées d’Allemagne avec 280 000 passagers qui s’y croisent en moyenne quotidiennement dans cette région densément peuplée.

Sur place une personne a été blessée par la fumée dégagée par l’engin incendiaire et une autre, une adolescente de 14 ans, a subi des brûlures et a dû être hospitalisée.

Ensuite, l’assaillant s’est rendu dans une pharmacie de cette gare et s’y est retranché en prenant en otage une femme.

Il avait avec lui un liquide allume-feu et plusieurs petites bonbonnes de gaz attachées entre elles, dont deux qu’il a fixées sur son otage. L’homme était aussi muni d’une arme et la police doit vérifier si elle était ou non factice.

Après avoir fait évacuer la gare, bouclé le quartier situé au pied de la cathédrale de Cologne et pris contact avec le preneur d’otage, les forces spéciales ont finalement donné l’assaut en début d’après-midi, utilisant des grenades aveuglantes dont la détonation a pu être entendue à l’extérieur.

Menaces islamistes

L’auteur de l’attaque a « été grièvement blessé lors de l’intervention » policière, touché de plusieurs balles tirées par les forces de l’ordre. Après avoir été réanimé par les secours, il a été transporté à l’hôpital et était opéré d’urgence dans la soirée.

La police a déclaré être intervenue car il menaçait de mettre le feu à la pharmacie. Il a aussi tenté d’allumer les vêtements de son otage lors de l’assaut.

L’Allemagne est en alerte en raison de plusieurs attaques djihadistes perpétrées ou envisagées sur son territoire ces dernières années.

En juin 2018, la police a annoncé avoir déjoué un attentat à la « bombe biologique », à la suite de l’arrestation d’un Tunisien suspecté d’être lié à l’EI. L’homme de 29 ans arrivé en Allemagne en 2015 est soupçonné d’avoir voulu remplir son engin de ricine, un poison 6 000 fois plus puissant que le cyanure.

L’attaque la plus grave, survenue en décembre 2016, a été commise par un Tunisien de 23 ans, Anis Amri, auteur d’un attentat au camion-bélier sur un marché de Noël à Berlin. L’attaque, revendiquée par l’EI, avait fait douze morts.

Les autorités allemandes évaluent actuellement à environ 980 le nombre des islamistes particulièrement dangereux car susceptibles de passer à l’acte, dont 150 sont détenus pour divers délits.