Dans la ville pétrolifère de Midland (Texas), en janvier 2016. / SPENCER PLATT / AFP

C’est un coin reculé de l’ouest du Texas, devenu en quelques années le centre névralgique de l’or noir mondial. Le bassin permien, qui concentre l’essentiel de la croissance du pétrole de schiste américain, a propulsé, en août, les Etats-Unis au rang de premier producteur mondial devant la Russie et l’Arabie saoudite, selon les chiffres de l’Agence américaine d’information sur l’énergie.

La région produit à elle seule 3,3 millions de barils de baril de brut par jour, soit l’équivalent de la production iranienne. Mais extraire du pétrole du sous-sol a une conséquence inévitable : il s’accompagne de gaz naturel, en grande quantité. En trop grande quantité même, jugent les pétroliers texans, qui brûlent une grande partie du gaz extrait – une technique appelée flaring ou « torchage ». D’après les données officielles de l’Etat, compilées par le Wall Street Journal, c’est l’équivalent d’un million de dollars (860 000 euros) qui part en fumée chaque jour.

Impact dramatique sur l’environnement

Pourquoi ne pas vendre le gaz naturel ainsi extrait ? D’abord parce que le nombre de gazoducs n’est pas suffisant pour exporter toute cette production. Ensuite, et surtout, parce que l’explosion du gaz de schiste aux Etats-Unis a fait baisser les prix très rapidement : alors que le baril de pétrole est au plus haut depuis quatre ans au niveau mondial (autour de 80 dollars), le gaz est en surproduction sur le marché américain et se vend à des prix dérisoires.

Résultat : les industriels préfèrent recourir au flaring plutôt que de s’embarrasser à trouver un usage à du gaz qui pourrait produire de l’électricité dans d’autres Etats du pays. Cette situation devrait empirer dans les années à venir tant la production pétrolière ne cesse d’augmenter. A en croire les consultants spécialisés de Rystad, cette pratique devrait continuer à s’étendre, puis se réduire lorsque de nouveaux gazoducs, actuellement en construction, entreront en service.

En attendant, les conséquences sur l’environnement sont dramatiques : le torchage dans le bassin permien produit des gaz à effet de serre équivalents aux émissions de deux millions de voitures individuelles. Ce bilan serait encore plus grave si le gaz était relâché tel quel dans l’atmosphère. Cette pratique du flaring est ancienne dans le secteur pétrolier, mais, aux dires de la Banque mondiale, elle est en léger déclin en 2017, pour la première fois depuis 2010.