Le siège d’Opel, à Rüsselsheim (Hesse, ouest de l’Allemagne), en mars 2017. / DANIEL ROLAND / AFP

Le constructeur Opel est à son tour emporté par le scandale du « dieselgate ». Epargnée jusqu’ici, la marque allemande, propriété du groupe PSA, a fait l’objet d’une descente de police, lundi 15 octobre. Dans la matinée, sept procureurs et trente-trois policiers ont débarqué au siège de Rüsselsheim (Hesse) et sur le site de Kaiserslautern (Rhénanie-Palatinat). Ils soupçonnent Opel d’avoir installé des logiciels illégaux sur les moteurs diesel de trois modèles (Insignia, Zafira et Cascada) de norme Euro 6. Plusieurs dizaines de milliers de véhicules sont concernés en Europe.

Opel a confirmé l’enquête et a déclaré « coopérer totalement » avec la justice. Il a nié fermement la présence d’un tel logiciel dans ses moteurs. « L’entreprise affirme que ses véhicules répondent aux normes en vigueur », a fait savoir le groupe. Cependant, l’autorité de contrôle des véhicules à moteur (KBA) a apparemment de fortes raisons de penser l’inverse : elle estime avoir identifié la présence de ces logiciels dans les modèles incriminés. Le ministère des transports, de son côté, n’a pas l’intention de faire durer le suspense : il a décidé le rappel obligatoire de 95 000 véhicules suspects.

Une telle célérité surprend, dans un pays où les autorités se montrent d’ordinaire plus conciliantes avec les constructeurs. Mais le vent a tourné. Le ministère ne veut plus donner l’impression d’être hésitant, trois ans après le déclenchement du « dieselgate ». D’autant que, s’agissant d’Opel, les soupçons sont anciens. Dès 2016, une enquête a été ouverte contre le constructeur dans cette affaire.

« Fin 2015, la KBA a trouvé chez Opel des logiciels de désactivation des systèmes antipollution, sur lesquels le ministère nourrissait des doutes depuis le départ », a rappelé le ministère. Le constructeur a été invité à retirer ces programmes de désactivation lors de la mise à jour des logiciels, ce qui n’a pas été fait entièrement. « Chez Opel, l’exécution de ces ­mesures a longtemps été retardée », a souligné le ministère.

Effet potentiellement désastreux

Les logiciels de désactivation des systèmes antipollution sont justifiés par les constructeurs pour « protéger » les moteurs quand la température est trop faible ou dans certaines situations de ­conduite. Le moteur émet alors davantage d’oxydes d’azote (NOx) toxique. Mais des doutes subsistent sur la nécessité réelle de ces mesures.

Le sujet est hautement délicat. En raison des niveaux trop élevés de pollution au NOX des villes allemandes, plusieurs juges administratifs, dont celui de Berlin, ont ordonné des interdictions de circulation pour les véhicules diesel, provoquant l’inquiétude de nombreux automobilistes potentiellement empêchés de se rendre au travail. Or, le PDG d’Opel, Michael Lohscheller, a tenu à rassurer ses clients : « Qui achète aujourd’hui une Opel peut être sûr de ne pas être concernés par les interdictions de circuler », a-t-il répété la semaine dernière.

Les perquisitions de lundi et le rappel obligatoire suggèrent que les anciens modèles diesel de la marque sont bien moins irréprochables que cela. L’effet sur Opel, dont les ventes ne se redressent pas, pourrait être désastreux. Malgré un résultat opérationnel de 502 millions d’euros au premier semestre, Opel souffre toujours de graves faiblesses structurelles. Son centre de développement, à Rüsselsheim, où travaillent presque la moitié des salariés du groupe en Allemagne, est en forte surcapacité.