« Mon départ se produit après des attaques personnelles qui me laissent sans défense, et qui auraient pu constituer un handicap pour l’USAG si je devais rester », a affirmé Mary Bono. / Cliff Owen / AP

Mary Bono, nommée le 12 octobre directrice par intérim de la Fédération américaine de gymnastique (USAG), afin de faire oublier l’affaire Nassar qui secoue l’instance, a démissionné, mardi 16 octobre, en expliquant être victime « d’attaques personnelles ».

Larry Nassar était l’ancien médecin de l’équipe féminine de gymnastique. Il est actuellement en prison, condamné pour des viols et des agressions sexuelles sur au moins 265 sportives.

« C’est avec un profond regret, associé à un amour profond pour ce sport et au respect pour ceux ou celles qui aspirent à devenir de grands gymnastes, que je présente ma démission », écrit Mme Bono dans un communiqué.

« Mon départ se produit après des attaques personnelles qui me laissent sans défense, et qui auraient pu constituer un handicap pour l’USAG si je devais rester », a ajouté l’ancienne membre du Congrès en faisant allusion aux attaques d’athlètes victimes de Larry Nassar.

Complice de Nassar ?

Dans une série de tweets, la double championne olympique par équipes Aly Raisman, l’une des figures de proue du combat des victimes de l’ancien médecin de la Fédération Larry Nassar, critique le choix de Bono, nommée vendredi.

Elle souligne notamment que l’ancienne membre républicaine du Congrès américain était liée au cabinet d’avocat Faegre Baker Daniels, qui a défendu l’USAG dans l’affaire Nassar.

« Pourquoi nommer quelqu’un associé au cabinet qui a aidé à couvrir les abus ? », interroge la gymnaste de 24 ans.

« Mes coéquipières et moi avons dénoncé les abus de Nassar à l’USAG en 2015. Nous savons que l’USOC [Comité olympique américain] et les avocats de chez Faegre Baker Daniels [le cabinet de Mary Bono] ont été avertis au même moment et, pourtant, Nassar a continué ses abus sur des enfants pendant treize mois ! ? », poursuit Raisman.

Elle-même victime du docteur Nassar, condamné en janvier 2018 à la prison à perpétuité pour avoir agressé sexuellement plus de 250 athlètes, dont de nombreuses gymnastes de l’équipe olympique américaine aux JO 2012 et 2016, Raisman poursuit en justice l’USAG et l’USOC.

Une autre victime de Nassar, Kaylee Lorincz, s’en prend directement à Bono sur Twitter.

« Vous devez m’expliquer pourquoi vous et votre cabinet avez permis à Larry [Nassar] d’abuser de moi en 2016, après avoir été tous parfaitement informés qu’il abusait des petites filles », a tweeté Lorincz lundi.

Démissions en série

La démission de Mary Bono porte un nouveau coup à la Fédération américaine de gymnastique, dont la directrice exécutive Kerry Perry a été forcée à la démission, le 3 septembre, sous la pression de l’USOC après seulement neuf mois en poste.

Perry n’a pas survécu à la nomination au poste de coordinatrice du haut niveau d’une entraîneure réputée, Mary Lee Tracy, qui avait affiché publiquement en 2016 son soutien à Nassar, accusé déjà à l’époque d’abus sexuels par plusieurs gymnastes. Tracy avait dû renoncer à son poste deux jours seulement après sa nomination.

« Je viens de signer votre arrêt de mort » : retour en images sur le procès de Larry Nassar
Durée : 02:45