Stéphane Travert, le 19 septembre. / LUDOVIC MARIN / AFP

Stéphane Travert, qui cède la place de ministre de l’agriculture au sénateur socialiste de la Drôme, Didier Guillaume, a toujours été un soutien sans faille d’Emmanuel Macron. Redevable de ce poste de ministre de l’agriculture, que cet ancien frondeur du Parti socialiste, ex-député de la Manche, n’imaginait peut-être pas obtenir. Il a donc rigoureusement mis en musique les promesses de campagne du candidat à la présidentielle.

Dès juillet 2017, il prenait la main sur l’organisation des Etats généraux de l’alimentation (EGA), une grand-messe réunissant pour la première fois autour d’une même table agriculteurs, industriels, distributeurs, associations et élus. Les enjeux : mettre un terme à la guerre des prix entre enseignes, destructrice de valeur et source de revenus non rémunérateurs pour les agriculteurs, et aussi promouvoir une alimentation plus saine et plus durable.

« Stéphane Travert restera le ministre des Etats généraux de l’alimentation »

Dès le début, M. Travert met sur la touche, dans l’organisation des EGA, son collègue de l’écologie, Nicolas Hulot, avec qui les relations seront toujours mauvaises. En témoigne leur passe d’armes sur le glyphosate. « La tenue d’un cap, face au ministre de l’écologie, le maintien d’un leadership sur le sujet », salue Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). A l’issue des EGA, le ministre de l’agriculture défend le projet de loi alimentation voulu par le président de la République ; un texte voté le 2 octobre. Mais cette loi, qui doit encore être promulguée avec ses ordonnances, laisse un peu sur leur faim les agriculteurs, après avoir suscité beaucoup d’attente dans leurs rangs.

« Il n’y a pas de regret de changer de ministre », affirme Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne, qui résume :

« Stéphane Travert ne nous a pas semblé à la hauteur de la détresse des agriculteurs. La ligne était définie à l’Elysée ou à Matignon et il l’appliquait. »

Signe peut-être d’une certaine indifférence et bénéficiant de cette période de discussions des EGA, M. Travert n’a jamais été confronté à de grandes manifestations, ni été pris à parti violemment pendant son séjour Rue de Varenne. Même si son action a parfois suscité des mécontentements, comme lors de l’annonce de la suppression des aides au maintien de l’agriculture bio. Pour Mme Lambert : « M. Travert restera le ministre des Etats généraux de l’alimentation, c’est un homme d’écoute, de terrain et pragmatique. »

Le remplacement de Stéphane Travert par Didier Guillaume survient alors que se profile une échéance cruciale, celle de la négociation de la prochaine politique agricole commune (PAC) à Bruxelles.