L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Cette suite d’une franchise apparue en 1987 sous la caméra de John McTiernan est signée de Shane Black. Celui-ci fut le talentueux scénariste et dialoguiste de quelques films d’action plutôt réussis des années 1980 et 1990 (L’Arme fatale, Le Dernier Samaritain). Il est remarqué, en 2005, avec son premier long-métrage, Kiss Kiss Bang Bang, hommage enlevé et inventif au roman noir de la grande époque. L’échec commercial du film le renvoya à la réalisation de blockbusters (Iron Man 3), où il continua d’exceller dans la rédaction de dialogues cinglants et vachards, à l’intérieur d’une forme, il faut le dire, extrêmement contrainte.

On pouvait espérer un peu plus de cette résurrection de l’extraterrestre chasseur d’humains, dans la mesure où le premier titre de la série (Predator, de John McTiernan) avait été, plus qu’une heureuse surprise, l’un des grands films d’action de son temps. Le pari n’est pas vraiment tenu, même si cette nouvelle mouture se distingue d’une grande partie de la production hollywoodienne du même type.

Quinn McKenna, un tireur d’élite de l’armée américaine, est témoin de l’arrivée d’un vaisseau spatial et s’empare d’un certain nombre d’objets qu’il contient (un masque et un brassard), gadgets divers et armes létales servant à traquer les humains, passe-temps favoris de ces Nemrod de l’espace. McKenna est lui-même poursuivi par les hommes d’une agence secrète chargée de capturer ces monstres pour mieux les étudier.

Trouvailles de scénario

L’alien arrivé sur Terre est, enfin, lui-même la proie d’un autre monstre encore plus gigantesque encore. Cette surenchère de péripéties étouffe un peu un film qui n’échappe pas à une certaine confusion en voulant courir plusieurs lièvres à la fois : le film d’action, de super-héros, le film pour enfants avec la présence du jeune fils, à la fois autiste et surdoué, de McKenna.

Ce qui rend malgré tout consommable cette nouvelle variation tient à diverses trouvailles de scénario, comme celle qui consiste à inventer une troupe de militaires, partenaires du héros dans sa fuite et sa quête, tous victimes de syndromes post-traumatiques et échappés d’un hôpital psychiatrique. En donnant le rôle central à des personnages au comportement parfois irrationnel, Shane Black décale un récit qui, sinon, croulerait sous la banalité. Dialogues percutants et hilarants, violence rigolarde et gaguesque, caractérisent une œuvre visiblement consciente de ses limites et sauve The Predator du conformisme inhérent à ce type de productions.

The Predator | Nouvelle Bande-Annonce [Officielle] VF HD | 2018
Durée : 02:44

Film américain de Shane Black. Avec Boyd Holbrook, Trevante Rhodes, Olivia Munn (1 h 47). Sur le Web : www.foxfrance.com/thepredator et www.foxmovies.com/movies/the-predator