Manifestation contre la politique du président Roch Marc Christian Kaboré, en novembre 2015, à Ouagadougou. / OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

La gendarmerie de Djibo, grande ville du nord du Burkina Faso et chef-lieu de la province du Soum, a été attaquée, jeudi 18 octobre au soir, par des individus armés sans qu’il y ait de victimes selon un premier bilan, a-t-on appris de sources sécuritaires. « Plusieurs dizaines d’individus lourdement armés ont attaqué la gendarmerie de Djibo », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire. Cette attaque, la première à Djibo, a duré « près de trois heures » selon cette source, qui précise que les dégâts matériels sont importants, avec des véhicules incendiés.

Selon une autre source sécuritaire, confirmant cette attaque, « les assaillants ont ouvert plusieurs fronts simultanés avant de viser principalement la brigade territoriale ». « Malgré la résistance des gendarmes, ils [les assaillants] sont parvenus à libérer des détenus et à incendier une partie du local et des engins. Aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée dans les rangs de la gendarmerie », a poursuivi cette source, soulignant qu’il s’agit d’« un bilan provisoire car les tirs dans d’autres endroits de la ville ont pu faire des victimes ».

Selon des habitants de Djibo joints par l’AFP, des tirs nourris puis sporadiques ont été entendus dans plusieurs secteurs, suscitant une grande peur au sein de la population. Plusieurs commerces étaient toujours fermés vendredi matin dans la ville, où une forte présence d’éléments de forces de défense et de sécurité est signalée par des témoins.

Un conseiller municipal rué à Sonan

Longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso est confronté depuis mars 2015 à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières. D’abord localisées dans le nord du pays, celles-ci se sont étendues à d’autres localités, notamment dans la région de l’Est.

Mercredi, un gendarme a été tué et trois autres ont été blessés au cours de l’attaque de la brigade territoriale de Barani, dans l’ouest du Burkina. Dans la même nuit, un conseiller municipal de Sonan, localité proche de Djibo, a été tué par des individus circulant à moto, qui ont pris la fuite en direction de la frontière malienne. Le 26 septembre, huit soldats avaient perdu la vie en sautant sur un engin explosif artisanal dans le nord, près de Djibo.

Selon un bilan officiel établi mi-septembre, les attaques de militants islamistes ont fait 118 morts : 70 civils et 48 membres des services de sécurité. Trois attaques ont frappé la capitale, Ouagadougou, en deux ans, dont la dernière en mars, qui ont fait au total près de 60 morts.

« Un partenaire amical et audacieux »

Cette dégradation de la sécurité était au centre des échanges, vendredi matin à Ouagadougou, entre le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré. M. Le Drian a répété la disponibilité de la France « à aider à la sécurisation » du Burkina Faso, touché par des attaques djihadistes récurrentes.

« La France est disponible pour aider à la sécurisation de ce pays qui nous est très cher, qui est un partenaire à la fois amical et audacieux », a déclaré le ministre à l’issue d’un « long entretien » avec M. Kaboré. « Nous avons ensemble fait le point sur la situation sécuritaire et évoqué le renforcement de la force conjointe au Sahel, qui est une initiative très forte du G5 Sahel et qui se met progressivement en œuvre face à un combat contre le djihadisme qui est permanent », a-t-il précisé.

Le G5 Sahel regroupe le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Tchad et le Burkina Faso.
« Ma visite ici a également permis de préparer de manière efficace la venue du président Kaboré en France, une visite officielle prévue le 17 décembre », a souligné M. Le Drian. Le ministre devait ensuite se rendre à l’inauguration de la Maison de l’innovation et de la jeunesse, nommée la Ruche, qui doit catalyser l’interaction entre les jeunes talents, les start-up du numérique et l’offre française d’enseignement supérieur.