L’avis du « Monde » – on peut éviter

L’allitération entre le toponyme de l’habitat naturel des stars hollywoodiennes et celui d’une commune populaire du nord de Paris intégrée à la capitale en 1860, l’ascendance commune d’Eddie Murphy et d’Omar Sy devaient suffire à faire du Flic de Belleville le successeur naturel et tricolore du Flic de Beverly Hills (Martin Brest, 1984). Cette conviction était suffisamment chevillée au corps de Rachid Bouchareb pour que le réalisateur de Little Senegal et Indigènes ait cru possible de se passer de scénario, de dévider sur presque deux heures – qui en paraissent quatre – les lieux communs du cinéma d’action.

Les moyens luxueux dont a disposé le film démontrent que l’argent des producteurs ne fait pas le bonheur des spectateurs

Les moyens luxueux (pour un long-métrage français) dont a disposé le film démontrent que l’argent des producteurs ne fait pas le bonheur des spectateurs. Ce qui tient lieu d’intrigue trimballe le héros, Baaba Keita (Omar Sy) du 20e arrondissement à la république fictive du Daloa (Afrique de l’Ouest), en s’arrêtant un très long moment à Miami.

Spécialisé dans l’arrestation de pickpockets, le brigadier Keita vit à Belleville avec sa mère Zohra (Biyouna). Il parle mandarin et sa fiancée Lin (Diem Nguyen) est d’origine chinoise. Peut-être parce que son cocon est un microcosme, Baaba n’a jamais quitté les pentes de son quartier (c’est l’une des bonnes idées que l’on verra dépérir sur pied tout au long du film). Jusqu’à ce que son copain d’enfance, Roland (Franck Gastambide), soit assassiné sous ses yeux, juste après lui avoir révélé que Belleville est devenu l’une des plaques tournantes du trafic de cocaïne.

Tour de passe-passe

Grâce à une astuce de scénario qui n’en est pas tout à fait une, le brigadier Keita est envoyé à Miami pour tirer au clair cette affaire. Il y est confié au lieutenant Garcia (Luis Guzman), policier en délicatesse avec sa hiérarchie. Les deux hommes se détestent, se défient et en un tour de passe-passe qui ferait passer l’arc dramatique de L’Arme fatale pour le scénario de Persona, finissent par s’entendre si bien qu’ils partent pour l’Afrique afin de neutraliser des narcotrafiquants issus d’un régime prédateur.

Entre-temps, Omar Sy aura cité tous les grands succès du cinéma policier américain des années 1980, ébloui les danseurs d’un club de Miami, obéi puis désobéi à son envahissante maman. Cette agitation ne suffit pas à masquer le manque de substance du personnage, et l’impuissance croissante de l’acteur à y faire face.

LE FLIC DE BELLEVILLE (Omar Sy) - Bande-annonce
Durée : 01:11

Film français de Rachid Bouchareb. Avec Omar Sy, Luis Guzman, Biyouna, Diem Nguyen (1 h 50). Sur le Web : https://www.metrofilms.com/films/belleville-cop