• SpiriTango Quartet
    TrANsGressiOnS

Pochette de l’album « TrANsGressiOnS », du SpiriTango Quartet. / PARATY

Constitué il y a huit ans par des jeunes musiciens de formation classique, le SpiriTango Quartet est un quatuor à part (effectif, répertoire), mais un quatuor à part entière (diplômé comme tel du Conservatoire de Paris), dans la lignée des grands quatuors à cordes. Leur Schubert s’appelle Piazzolla (que le violoniste Gidon Kremer tient d’ailleurs pour l’égal du compositeur de La Jeune fille et la mort) et leur champ d’action, le tango. L’ensemble repose sur l’accordéon souverain de Thomas Chedal, qui offre une lumineuse interprétation de l’Opale Concerto de Richard Galliano, et sur le piano ample et accueillant de Fanny Azzuro. Le violon vagabond de Fanny Stefanelli, la contrebasse chaloupée de Benoît Levesque et, invitée pour quatre pièces, la percussion zoomorphe de Vassilena Serafimova contribuent aussi à la flamboyance d’un programme qui associe créateurs d’hier (entre autres, Astor Piazzolla) et d’aujourd’hui (très belle page de Graciane Finzi). Pierre Gervasoni

1 CD Paraty

  • David Bowie
    Loving The Alien [1983-1988]

Pochette du coffret « Loving the Alien [1983-1988] », de David Bowie. / PARLOPHONE / WARNER MUSIC

Quatrième coffret dans la série des rééditions chronologiques des enregistrements de David Bowie, Loving the Alien [1983-1988] couvre la période qui vit David Bowie devenir une vedette internationale avec des records de ventes pour son album Let’s Dance, en 1983, et des tournées gigantesques – le Serious Moonlight Tour après Let’s Dance et le Glass Spider Tour en 1987. Outre ce Let’s Dance, coproduit avec Nile Rodgers, l’on retrouve les deux albums suivants Tonight (1984) et Never Let Me Down (1987), l’un et l’autre dans un son pop années 1980 destiné à plaire au plus grand nombre, et les enregistrements de concerts des tournées déjà publiés – celui du Serious Moonlight Tour ici complet. A cet ensemble ont été ajoutés trois CD de raretés : des remix de différentes chansons, dont les éditions originales sont des pièces de collection, des versions différentes de celles des albums conçues pour les singles, des chansons uniquement sorties en singles ou enregistrées pour des films, les duos avec Mick Jagger et Tina Turner.

Enfin, une version réenregistrée en 2018 de l’album Never Let Me Down est proposée. Bowie s’était souvent déclaré peu satisfait de l’aspect clinquant de l’original et avait envisagé de le réenregistrer, travaillant dans ce sens dès 2008. Le voici complet. La voix de Bowie et quelques parties instrumentales ont été conservées et le reste rejoué par de nouveaux musiciens, qui ont collaboré à d’autres périodes avec Bowie comme le guitariste Reeves Gabrels, le bassiste Tim Lefebvre et le batteur Sterling Campbell. Cela donne un disque plus dépouillé, plus rock, plus direct, plus intemporel. Une curiosité qui ne sera disponible que dans ce coffret. Lequel, comme les précédents, bénéficie d’une présentation soignée, avec un épais livret et des reproductions méticuleuses des pochettes. Sylvain Siclier

1 coffret de 11 CD Parlophone/Warner Music.

  • Parcels

Pochette de l’album de Parcels. / KITSUNE

Presque deux ans que ce quintette australien, repéré par les têtes chercheuses du label français Kitsuné, titille la hype à coups de singles aguicheurs et de concerts sudatoires. Impatient, on entre dans leur premier album en se disant que les gamins de Byron Bay (la ville la plus à l’est du continent australien), émigrés à Berlin, mêlent décidément à la perfection langueur balnéaire et groove stylé. Des riffs malicieusement sexy de Comedown et Lightenup, aux attachantes harmonies de Withorwithout (illustré par un clip sanglant avec Milla Jovovich) ou Tape, les éphèbes pop donnent la douce impression d’entendre Daft Punk et Phoenix Jammer avec Chic et les Bee Gees. Les choses se gâtent pourtant dès le cinquième morceau, Everyroad, interminable tunnel (8,36 mn) de dialogues philosophiques sur fond de musique d’ascenseur. Et – presque – aucun des sept titres suivants (à l’exception de Tieduprightnow), vocalement monotones et mélodiquement plats, ne retrouve les gracieuses promesses de l’ouverture. Stéphane Davet

1 CD Kitsuné/Because

  • Minino Garay
    Tunga Tunga’s Band

Pochette de l’album « Tunga Tunga’s Band », de Minino Garay. / VIAVOX / L’AUTRE DISTRIBUTION

En 2013, Minino Garay, le percussionniste argentin le plus célèbre de Paris, publiait un album (Asado) en hommage à Cordoba, sa ville natale (au centre de l’Argentine), et à la musique de bal qu’on y jouait dans sa jeunesse : le cuarteto, appelé aussi tunga- tunga. Un genre de fusion fort joyeuse, nourrie entre autres de « la tarentelle et du paso-doble, rapportés par les immigrants italiens et espagnols en Argentine », explique le musicien et chanteur. Cette euphorisante mixture émaillée de dictons populaires et coquins, née dans les années 1940, c’est encore le propos de ce nouvel album, enregistré entre la France et Cordoba, qu’il dédie à la mémoire de son père, récemment disparu. Il a invité une ribambelle de complices, femmes et hommes, tel le chanteur Carlos « La Mona » Jimenez. Histoires cocasses, d’amour, de désirs ou de désaccords, une relecture savoureuse d’Elle a les yeux revolver (Marc Lavoine), une autre d’Azzurro (le succès d’Adriano Celentano, composé par Paolo Conte) défilent sur fond de cordes, piano et accordéon sautillant sur un rythme enlevé. Un disque fêtard, à danser sans manières. Patrick Labesse

1 CD Viavox/L’Autre Distribution.

  • Bixiga 70
    Quebra-Cabeça

Pochette de l’album « Quebra-Cabeça », de Bixiga 70. / GLITTERBEAT / DIFFER-ANT

Un casse-tête (quebra cabeça), la musique de cette petite bande afro-funky de Sao Paulo, neuf musiciens dont l’histoire commune a commencé à Bixiga, un quartier cosmopolite de la mégapole ? Pas le moins du monde. Urbaine et fiévreuse, débordante de rythmes canailles et d’envolées de cuivres qui claquent, elle rayonne d’évidence, s’impose immédiatement, à l’oreille autant qu’au corps. Comme dans les précédents, l’afro-beat nigérian et le highlife ghanéen courent dans le quatrième album de ces Brésiliens toqués de sons urbains africains, avec des clins d’œil à la Jamaïque, au funk, au groove éthiopien, et des percées de jazz ou de guitare rock. Les garçons repoussent encore plus loin les frontières de leur terrain de jeu habituel en y injectant des sonorités électro et des sinuosités nouvelles. Une musique hybride assumée et revendiquée. Un vrai casse-tête pour les maniaques du rangement. Patrick Labesse

1 CD Glitterbeat/Differ-ant.