Au total, plus de 430 000 euros de dépenses de LFI, dont 54 600 euros facturés par Mediascop, la société de Sophia Chikirou, avaient été exclus des frais. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Après Jean-Luc Mélenchon, c’est au tour de sa conseillère en communication Sophia Chikirou d’être entendue, vendredi 19 octobre, dans l’enquête sur les comptes de campagne de La France insoumise (LFI).

La dirigeante de la société de conseil Mediascop est au cœur de cette enquête, soupçonnée d’avoir surfacturé ses prestations au candidat Jean-Luc Mélenchon, dont elle était la directrice de communication lors de la campagne de 2017.

L’audition de Mme Chikirou par la police anticorruption à Nanterre survient en pleine tempête politique née d’une perquisition houleuse filmée au siège de LFI, mardi, et au lendemain de l’audition du dirigeant de LFI. « Nous répondrons aux questions. Nous sommes sereins, car toutes les accusations sont fausses, et cela ne pourra que devenir rapidement une évidence », a déclaré son avocat David Marais.

Soupçons de surfacturation

La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques avait validé à la fin de 2017 les comptes des onze prétendants à l’Elysée, non sans avoir retranché certaines dépenses, notamment pour Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, et fait un signalement à la justice. Elle avait également saisi le parquet au sujet de dons privés au bénéfice de la campagne d’Emmanuel Macron, mais, après analyse, ce signalement n’a pas donné lieu à des suites judiciaires. Elle avait en revanche jugé « acceptables » des rabais accordés par des prestataires de services au camp macroniste.

Au total, plus de 430 000 euros de dépenses de LFI, dont 54 600 euros facturés par Mediascop, avaient été exclus des frais que l’Etat rembourse aux candidats ayant totalisé plus de 5 % des suffrages. Une autre association, L’Ere du peuple, qui avait facturé 440 027 euros avait été visée. Au total, Mediascop a facturé près de 1,2 million d’euros, « soit 11 % du budget total de la campagne ».

« Boucs émissaires »

« Mediascop et Sophia Chikirou sont dans cette affaire des boucs émissaires », a réagi Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué, estimant que « toutes ces enquêtes sont déclenchées sur l’initiative de gens politiquement engagés ». Cette remarque du dirigeant insoumis vise en particulier Jean-Guy de Chalvron, l’un des deux rapporteurs de la Commission chargés de vérifier les dépenses du candidat LFI, déjà poursuivi pour dénonciation calomnieuse par LFI.

Après le signalement de la Commission, M. de Chalvron avait claqué la porte de cette dernière, estimant que les réserves qu’il avait émises sur 1,5 million d’euros, dans une lettre à la Commission puis dans un entretien au Monde, n’avaient pas été prises en compte et que cette somme n’aurait donc pas dû être remboursée au parti.

A l’époque, « quand je la présente (la lettre) à la Commission on me dit non, “vous êtes trop dur, “on ne peut pas dire ça. Je dis : “Attention, il y a des anomalies qui relèvent du domaine judiciaire, il y a du pénal, du prêt illégal de main-d’œuvre. », a-t-il raconté vendredi sur LCI. Jeudi soir, il avait réitéré ses accusations sur BFMTV en évoquant notamment des surfacturations pour « aider à la constitution d’un réservoir de liquidités à utiliser postérieurement ». « Sur Mediascop l’équipe de campagne a tout fait pour que ça soit complètement opaque », a-t-il affirmé.

Cette enquête préliminaire du parquet de Paris est menée parallèlement à une autre enquête, qui porte sur des emplois présumés fictifs d’assistants au Parlement européen.