C’est la première conséquence concrète de l’affaire Jamal Khashoggi. Après avoir admis que le journaliste avait été tué dans son consulat d’Istanbul, l’Arabie saoudite a limogé, samedi 20 octobre, deux des principaux collaborateurs du prince héritier Mohammed Ben Salman.

Les deux personnalités faisaient tous deux partie du cercle rapproché du prince Mohammed Ben Salman, surnommé « MBS ». Leur limogeage s’est accompagné de l’arrestation de 18 suspects saoudiens.

  • Le général Ahmed Al-Assiri, chef adjoint du renseignement saoudien

Ahmed Al-Assiri, le 16 mars 2016 à Riyad. / FAYEZ NURELDINE / AFP

Agé d’une soixantaine d’années, le général Al-Assiri était un conseiller de haut rang proche de la cour royale. Avant d’être promu chef adjoint du renseignement général en 2017, il était le porte-parole de la coalition militaire intervenant au Yémen depuis 2015 contre les rebelles houthistes soutenus par l’Iran. Le quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al-Hayat qualifiait d’ailleurs ce général, formé à la prestigieuse école militaire française Saint-Cyr, de « pilote saoudien le plus connu au monde ».

Parlant couramment le français, l’anglais et l’arabe, Ahmed Al-Assiri assistait souvent aux réunions à huis clos du prince héritier avec des dignitaires étrangers en visite dans le royaume. L’homme avait également acquis à l’étranger la réputation de harceler les journalistes dont les articles critiquaient les « bavures » saoudiennes au Yémen. Au printemps 2017, il avait été la cible d’un jet d’œuf lors d’une conférence à Londres et le gouvernement britannique s’était excusé pour cette « agression ».

Avant son limogeage samedi, le New York Times avait rapporté que l’Arabie saoudite attribuerait vraisemblablement la responsabilité de la disparition de Khashoggi au général Assiri pour tenter de dédouaner « MBS ».

  • Saoud Al-Qahtani, conseiller « médias » à la cour royale

Photo de profil Twitter de Saoud al-Qahtani. / TWITTER / @saudq1978 / DR

Homme-clé de l’entourage du prince héritier, Saoud Al-Qahtani a dirigé le « centre d’études et d’affaires médiatiques », une unité opérant au sein de la cour royale, avant d’être nommé conseiller « médias » du roi. Un poste-clé où il contrôlait notamment les activités de relations publiques du gouvernement saoudien.

Selon des sources saoudiennes, M. Al-Qahtani, 40 ans, a animé des campagnes de propagande en ligne contre les adversaires du royaume, comme le Qatar et l’Iran. Avec 1,3 million d’adeptes sur Twitter, ce haut responsable est notamment connu pour ses messages hostiles aux dissidents et à ses rivaux.

Dans un article paru dans le Washington Post au début de l’année, Jamal Khashoggi affirmait qu’Al-Qahtani avait constitué une « liste noire » des journalistes critiques du royaume et qu’il était connu pour les intimider. Dans une interview posthume publiée vendredi par le magazine Newsweek, Khashoggi qualifie M. Al-Qahtani et un autre haut responsable saoudien, Turki Al-Cheikh, de « voyous ».

« Les gens les craignent. Vous les défiez, vous risquez de finir en prison, et c’est ce qui s’est passé. »

L’an dernier, M. Al-Qahtani écrivait sur Twitter : « Je ne fais rien de mon propre chef, sans des ordres. Je suis l’employé et l’exécuteur de mon roi et de mon prince héritier. »