Après des échanges houleux par antennes et réseaux sociaux interposés, la polémique qui oppose Jean-Luc Mélenchon à Radio France devrait passer par la case justice. Le groupe a indiqué samedi 20 octobre sur Twitter le dépôt d’une plainte contre le responsable politique, visant ses propos à l’encontre de journalistes des radios publiques. Ces derniers jours, l’ancien candidat à la présidentielle s’en est pris à des journalistes de Franceinfo, mais aussi à Mediapart ou encore à l’émission « Quotidien ».

  • Les journalistes de Franceinfo qualifiés d’« abrutis » et de « menteurs »

Vendredi 19 octobre, une enquête de Franceinfo pointait de possibles surfacturations lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. L’article s’intéresse aux prestations facturées par la communicante Sophia Chikirou et sa société Mediascop au candidat de la France insoumise, pour un montant total d’un peu plus de 1 million d’euros. Selon Franceinfo, certains prix pratiqués par Mediascop dans le cadre de ce contrat se situent à des « prix très élevés », citant par exemple la mise en ligne de retranscriptions audio de discours pour un coût de 250 euros l’unité.

Jean-Luc Mélenchon a répliqué le jour même de la publication de cette enquête, voyant en Franceinfo une « radio d’Etat » qui serait aux ordres du gouvernement selon lui. « Je vous mets tous en garde, tous ceux qui titrent sur le fait que nous avons fait de la surfacturation s’exposent à des poursuites », a-t-il déclaré, « car nous n’avons peur de rien ». Le député a également qualifié les journalistes de la station d’« abrutis » et de « menteurs » dans une vidéo publiée sur Facebook.

« Pourrissez-les partout où vous trouvez (...) Il faut qu’à la fin, des milliers de gens se disent: les journalistes de France Info sont des menteurs, sont des tricheurs et il y a autour un système qui n’a même plus de recul professionnel de se dire mais qu’est-ce qu’on est en train de raconter ? », a-t-il également lancé.

« Franceinfo n’est pas une radio d’Etat, mais de service public », a rétorqué le directeur de la station Vincent Giret à l’antenne vendredi., Samedi 20 octobre, la station a indiqué sur Twitter déposer une plainte à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon pour ses propos. « La direction juridique de Radio France s’occupe de la plainte en liaison avec notre avocat », a précisé à l’AFP Gaël Hamayon, un porte-parole de la radio publique.

  • Mediapart membre d’une « boucle macronie-parquet-média »

Le dirigeant de La France insoumise s’en est également violemment pris au site d’informations en ligne Mediapart, qu’il accuse d’avoir violé le secret de l’enquête sur ses comptes de campagne. Jean-Luc Mélenchon y voit en effet une « preuve » d’une « boucle macronie-parquet-média » occupée à lui nuire ainsi qu’à son mouvement politique.

Dans un article publié vendredi soir sur les perquisitions menées mardi, le site d’informations affirmait l’existence « de longue date » d’une relation intime entre le député et sa conseillère Sophia Chikirou, qui a été entendue par la police dans le cadre de soupçons de surfacturations lors de la campagne présidentielle de M. Mélenchon en 2017.

Mediapart rapporte par ailleurs que selon ses informations, quelque 12 000 euros en liquide auraient été découverts par les enquêteurs au domicile d’un proche de M. Mélenchon. De même source, cet « ami et collaborateur de toujours de Jean-Luc Mélenchon » aurait dit que la somme lui avait été confiée par la mandataire financière de la campagne de 2017.

En l’absence de transmission au parquet à ce stade, « il ne peut donc être autrement que ces fuites proviennent des services de police et justice », écrit l’avocat de l’ancien candidat de la présidentielle, Me Mathieu Davy. Et ce dernier de s’interroger : « Comment ont-elles été acquises ? Qui les a données ? Quelles sont les conditions et modalités, notamment financières, de cette transaction ? »

Me Davy demande par ailleurs le dessaisissement du « procureur en charge », « car il devient établi de manière claire et concordante que les services sous ses ordres ne respectent pas les règles et procédures applicables en l’espèce ». Il ne vise toutefois pas le procureur de Paris, François Molins, mais le représentant du parquet directement chargé de l’enquête.

  • « Quotidien » accusé d’avoir fourni des images à la police

Interrogé sur BFMTV mercredi 17 octobre, Jean-Luc Mélenchon s’en était également pris à l’émission « Quotidien » de TMC. Le député avait affirmé que cette dernière « complaisamment » fourni « à la police » des images de la perquisition au siège de la France insoumise mardi 16 octobre.

« Jean-Luc Mélenchon ment », avait alors réagi l’animateur de l’émission Yann Barthès, affirmant n’avoir eu « aucun contact, ni avec la justice, ni avec la police. Je tiens à rappeler que si nous avons des images de la perquisition, c’est que La France insoumise a bien voulu nous faire rentrer et que vous nous avez demandé de filmer », ajoutait-il.