C’est une brèche dans la défense du jeune homme molesté par Alexandre Benalla, place de la Contrescarpe, le 1er-Mai. Le certificat médical mis en avant par son avocat dans un courrier à la juge d’instruction chargée de l’affaire, le 25 juillet, qui fait état de « traces de coups sur la poitrine » et qui est signé du 11 mai, a, en réalité, été rédigé plusieurs semaines après et antidaté.

Dans son édition du 21 octobre, Le Journal du dimanche révèle, en effet, que, si Georgios D. a bien vu son médecin le 11 mai, il n’est pas ressorti de cette consultation avec un certificat médical. Lors de son audition par les enquêteurs, la médecin qui l’a reçu et a rédigé le certificat a reconnu l’avoir écrit seulement le 23 juillet, lorsque son patient est revenu la voir cinq jours après nos premières révélations.

« Je n’ai pas rédigé le certificat médical le 11 mai, car il ne me l’avait pas demandé et je ne lui ai pas proposé », a expliqué cette généraliste de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). La médecin évoque une deuxième consultation :

« Il est venu me voir le 23 juillet en m’expliquant qu’il était impliqué dans l’affaire Benalla et que son avocat lui demandait un certificat médical. […] Je le reçois rapidement dans l’après-midi et je lui ai fait le certificat que vous avez. »

« Le médecin ne met pas en cause mon client »

Contacté par Le Monde, l’avocat des deux personnes molestées, Sahand Saber, confirme cette deuxième visite mais dédouane son client de toute responsabilité : « Mon client s’est bien présenté le 11 mai chez son médecin traitant qui confirme l’avoir reçu en consultation pour des douleurs liées à des coups subis le 1er-Mai. Le 23 juillet, il est retourné voir son médecin pour savoir s’il avait une trace écrite de ces constatations. Celui-ci a répondu positivement et lui a remis ce document. Mon client pensait qu’il s’agissait d’un document établi le 11 mai. Il ignorait que le médecin l’avait antidaté. Son médecin reconnaît et assume d’ailleurs son erreur et ne met pas en cause mon client. »

Pour Me Saber, « la faute du médecin ne change rien à l’affaire : M. Benalla a été filmé en train de commettre des violences et il demeure mis en examen de ces chefs ».

L’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron a été mis en examen pour « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique », « port public et sans droit d’insignes réglementés », « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection » et « recel de violation du secret professionnel ».

Parties civiles dans le dossier, les deux clients de Me Saber, Georgios D., 29 ans, et sa compagne de 30 ans, Chloé P., ont été auditionnés le 19 septembre par les juges d’instructions et ont reconnu des jets de projectiles vers les CRS ; ils sont convoqués au tribunal correctionnel pour être jugés pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ».

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