Des forces de l’ordre sur l’ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) le 17 mai 2018. / GUILLAUME SOUVANT / AFP

Cinq personnes, dont deux journalistes travaillant pour Reporterre et pour Libération, ont saisi le tribunal administratif de Nantes, lundi 22 octobre. Elles réclament une expertise de blessures qui auraient été causées par des grenades lacrymogènes GLI-F4 lors d’une opération d’expulsion en avril de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le tribunal administratif de Nantes a confirmé avoir reçu cinq requêtes en référé expertise.

« Pour l’instant, on demande seulement à ce que des experts examinent les blessés (...) pour qu’on puisse déterminer avec certitude, même s’il n’y a pas vraiment de doute, que les personnes ont bien été blessées par des grenades GLI-F4 », a expliqué l’une des deux avocates qui représentent ces personnes, Me Chloé Chalot. Par la suite, l’objectif est d’entreprendre une procédure pour engager la responsabilité de l’Etat, a-t-elle dit, soulignant que le tout devrait prendre « énormément de temps ».

Les cinq personnes « ont saisi le Défenseur des droits et (la démarche auprès du tribunal administratif) est une marche supplémentaire pour se faire reconnaître en tant que blessés et aussi contester l’opération de maintien de l’ordre en elle-même (...) et l’utilisation des grenades », a précisé Me Chalot.

Usage contesté

Après l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le 17 janvier, deux opérations d’expulsion de la ZAD ayant mobilisé des milliers de gendarmes ont eu lieu, en avril et en mai.

L’usage de grenades GLI-F4 par les forces de l’ordre lors de ces opérations a fait l’objet de nombreuses critiques. Un étudiant de 21 ans avait notamment eu la main arrachée le 22 mai après avoir ramassé une de ces grenades à triple effet lacrymogène, sonore et de souffle.

Dans un rapport publié en janvier 2018, le Défenseur des droits avait estimé que la « dotation dans les opérations de maintien de l’ordre d’une arme présentant une telle dangerosité, eu égard à sa composition, rest(ait) problématique ».

Parmi les cinq personnes ayant saisi le tribunal administratif figurent Marie Astier, journaliste pour Reporterre, et Cyril Zannettacci, photographe pour Libération. Les deux avocates ont écrit dans un communiqué que les deux journalistes « agissaient dans l’exercice de leurs fonctions et que leur qualité était apparente ».

Les trois autres, venues « en soutien à la pérennisation des formes de vie alternatives expérimentées » dans la ZAD (« zone d’aménagement différé », devenue « zone à défendre » pour ses détracteurs) « ont été touché[e]s par des grenades GLI-F4 alors qu’[elles] se tenaient à distance des forces de l’ordre », assure par ailleurs le communiqué.