Lors d’une manifestation anti-Brexit, à Londres (Angleterre), le 20 octobre. / SIMON DAWSON / REUTERS

Trente-cinq lauréats d’un Prix Nobel ou d’une médaille Fields ont alerté lundi 22 octobre les autorités britanniques et européennes des risques que fait peser le Brexit sur la recherche scientifique.

« Les défis auxquels nous faisons face doivent être abordés d’une manière qui soit profitable à tous, et ils seront mieux affrontés ensemble », écrivent les signataires de cette lettre ouverte adressée au président de la Commission européenne Jean Claude Juncker, et à la première ministre britannique Theresa May.

« Seul un accord permettant la coopération la plus étroite possible entre le Royaume-Uni et l’UE, aujourd’hui et à l’avenir, le permettra », affirment ces scientifiques, parmi lesquels se trouvent notamment les Français Albert Fert ou Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique en 2007 et 1997 respectivement, ou le mathématicien allemand Peter Scholze, lauréat de la médaille Fields en 2018.

Le progrès scientifique « requiert des échanges de personnes et d’idées à travers les frontières, pour permettre l’échange rapide d’expertise et de technologie. Créer de nouvelles barrières à la collaboration entravera le progrès, au détriment de nous tous. »

Financements perdus

Cette lettre est publiée en même temps qu’une enquête menée auprès des chercheurs de l’Institut Francis Crick de Londres, qui révèle leurs inquiétudes quant au Brexit.

Au sein de l’institut, qui se décrit comme « le plus grand laboratoire de recherche biomédicale sous un seul toit en Europe », 97 % des 1 053 scientifiques interrogés estiment que la sortie du Royaume-Uni de l’UE aura des conséquences négatives sur la recherche dans le pays.

Et près de 82 % d’entre eux jugent que les conséquences seront « négatives » ou « très négatives » celle-ci à l’échelle de l’UE. Plusieurs chercheurs ont ainsi fait part de leurs difficultés à recruter, ainsi que du « stress » ou de « l’anxiété » provoqués par le Brexit.

« Nous avons besoin d’un accord qui remplace les financements perdus, qui préserve la liberté de mouvement des scientifiques talentueux, et qui les fasse se sentir bienvenus » au Royaume-Uni, a réclamé le Britannique Paul Nurse, le directeur de l’institut, prix Nobel de médecine en 2001, également signataire de la lettre ouverte.

En 2016, il avait affirmé à l’Agence France-Presse que les fonds de l’Union européenne alloués à son établissement représentaient environ 5 millions de livres par an (6 millions d’euros), soit 5 % de son budget.

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