Koumba Larroque est vice-championne du monde de lutte mercredi Budapest. / THOMAS SAMSON / AFP

Il y a des défaites qui valent des victoires. A 20 ans, malgré la douleur et les larmes, la lutteuse française Koumba Larroque n’a en effet pas tout perdu, mercredi 24 octobre, en finale des Mondiaux dans la catégorie des moins de 68 kg. Elle a longtemps dominé son adversaire ukrainienne Alla Cherkasova, avant de céder sur une erreur d’inattention.

Menée alors 15-6, à la suite d’une série de croisillons dévastateurs (technique aux jambes) qui l’a semble-t-il blessée, la jeune championne n’a rien lâché pour revenir à 15-10. Sa ténacité n’a malheureusement pas suffi. Larroque repart de Budapest avec une médaille d’argent pleine de promesses.

Le parcours de Koumba Larroque avait été très éclectique avant d’affronter Cherkasova en finale. La veille, elle n’avait eu besoin que de vingt-cinq secondes pour son entrée en matière expéditive face à l’Indienne Kaur Navjot. Par la suite, elle a récidivé avec une large victoire à peine plus compliquée en quart face à la Canadienne Olivia Di Bacco. C’est au prix d’une demi-finale au cordeau, arrachée au prix d’une grande maîtrise tactique face à l’Américaine Tamyra Mensah que la jeune femme s’est qualifiée pour sa première finale lors d’un championnat du monde senior.

L’an passé, à domicile, à Bercy (Paris), la jeune lutteuse française avait remporté la médaille de bronze mondiale. Eliminée in extremis et d’entrée par la championne olympique japonaise, Sara Dosho, après un match nul 3-3 et à cause du dernier point marqué par la Japonaise, elle avait su se reprendre lors des repêchages avant de battre lors du match pour la troisième place l’Autrichienne Martina Kuenz.

En 2016, pas encore assez mûre, trop tendre, Koumba Larroque avait échoué à se qualifier pour ses premiers Jeux olympiques, payant son inexpérience, à 18 ans, face à une lutteuse plus aguerrie. En mai 2016, elle décrochait en revanche le bronze lors de sa première grande compétition chez les grandes lors des championnats d’Europe en Serbie.

« C’est une lutteuse née »

Depuis ses débuts, la lutteuse originaire de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) est une habituée des succès. Tout le monde lui prédit un avenir radieux, qu’elle se plaît à confirmer en s’habituant aux podiums. Double championne d’Europe et du monde cadette en 2015, puis double championne d’Europe et du monde en junior l’année suivante, elle s’est déjà bâti un palmarès impressionnant, qui ne demande qu’à grandir. Elle semble plus proche que jamais d’un premier titre international en senior, qui pourrait en augurer d’autres.

« C’est une lutteuse née. Elle possède une facilité en termes de technique et une maturité étonnante. Elle a beaucoup de caractère. C’est une guerrière qui n’aime pas perdre mais qui sait rester humble et qui respecte son adversaire. Elle n’hésite pas à afficher ses ambitions », expliquait au Monde en 2017 l’ancienne championne Lise Legrand. Pour la vice-présidente de la Fédération française de lutte, l’éclosion de ce jeune talent tombe à pic : « Elle nous porte vers la direction de l’ambition olympique. C’est entraînant. On manquait de leader, et aujourd’hui Koumba perce. Cela fait du bien que quelqu’un puisse à nouveau incarner notre fédération. »

Nation pionnière de la lutte féminine dans les années 1970, grâce au club de Tourcoing (Nord), la France fut au sommet, notamment dans les années 1990, grâce à deux grandes championnes, Lise Legrand et Anna Gomis (six titres de championne du monde à elles deux, deux médailles de bronze olympiques…). Depuis la retraite de Steeve Guénot et celle toute proche de Mélonin Noumonvi, le dernier Français titré aux Mondiaux en lutte gréco-romaine (2014), la lutte française, qui compte toujours vingt-six médailles d’or aux championnats du monde, était en panne de tête d’affiche.

La confirmation du talent de Larroque est une excellente nouvelle pour une discipline qui peine à exister en dehors du sacro-saint rendez-vous olympique. Après les années dorées, la lutte gréco-romaine française peut bien être à la recherche d’un second souffle, Koumba Larroque s’occupe comme une grande de la médiatisation de son sport.