Arte, mercredi 24 octobre à 22 h 30, documentaire

Faire entrer Vienne l’impériale, la baroque, dans la modernité. Faire d’une ville-musée une grande cité tournée vers le futur, à la fois belle et pra­tique pour celles et ceux qui y vivent. Oser des formes simples, fonctionnelles, avec des façades débarrassées de l’historicisme pompeux qui caractérisait la capitale de l’Empire austro-hongrois. Voilà la tâche risquée à laquelle s’est livré avec brio l’architecte Otto Wagner (1841-1918), dont l’œuvre, immense et variée, donne à Vienne une grande partie de sa splendeur.

En offrant une passionnante plongée dans l’œuvre d’Otto Wagner, à l’aide de vues aériennes, d’explications d’architectes, d’historiens et de belles images d’archives, ce documentaire retrace la vie d’un architecte de génie dont les fulgurances modernistes ne furent pas toujours du goût de la cour impériale. Le premier tournant de sa carrière se situe en 1882, lorsqu’il remporte l’appel d’offres pour construire le bâtiment d’une grande banque viennoise. Il s’affranchit des fardeaux de l’histoire, imagine un énorme bâtiment à six angles, des cloisons de bureaux amovibles, une salle des caisses surmontée d’une verrière.

Fonctionnel et confortable

Plus tard, certaines de ses façades feront scandale, et le peuple viennois, à l’humour féroce, parlera de « maisons à bretelles », de « maisons à clous », ou, concernant l’église Saint-Léopold, de « montagne de citron ». Mais jamais Wagner ne doutera du bien-fondé de ses idées. Construit en 1904, le ­bâtiment de la Caisse d’épargne de la Poste autrichienne résume ses idées : moderne, fonctionnel, ­confortable. Avec des hauteurs de marche réduites et de nouveaux matériaux (fer, aluminium, linoléum) utilisés avec intelligence.

En 1894, il décroche le plus gros contrat de toute l’Europe avec la construction du métro de Vienne et la rénovation du canal du Danube. Nommé professeur à l’Académie des beaux-arts, il sera vénéré par des élèves qui, à leur tour, laisseront une empreinte architecturale moderniste à Vienne. Pour toute une génération d’architectes à travers le monde, Otto Wagner est un exemple à suivre. Chez lui, la modernité est toujours une fête des sens, comme le prouve notamment la splendide façade carrelée et très colorée de la Maison des majoliques.

Otto Wagner ou l’Art nouveau viennois, de Rudolf Klingohr (Aut., 2017, 55 min). www.arte.tv