Ils étaient inséparables dans la gloire, la victoire et le mensonge ; ils le sont aussi dans la chute. Le Belge Johan Bruyneel, ex-directeur sportif de la star déchue du cyclisme Lance Armstrong, a été condamné, mercredi 24 octobre, à la suspension à vie de toute activité sportive par le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour son rôle dans le système de dopage mis en place autour de l’ancien leader des équipes US Postal et Discovery Channel.

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Bruyneel (54 ans), complice d’Armstrong lorsque l’Américain remporta ses sept victoires d’affilée dans le Tour de France (1999-2005), qui lui ont été retirées après sa chute pour dopage, avait été condamné en 2012 à une suspension de dix ans par l’Association américaine d’arbitrage, qui prononce les sanctions dans les affaires de dopage.

L’Agence mondiale antidopage avait fait appel de cette sanction et réclamait une suspension à vie. Dans son jugement, le TAS dit qu’« il ne voyait aucune raison pour laquelle cette sanction (à vie) ne soit pas prononcée dans cette affaire en raison de l’implication active de M. Bruyneel dans le dopage systématique dans le cyclisme sur plusieurs années ».

Le TAS a également accru les sanctions visant deux complices espagnols de Bruyneel et d’Armstrong, un médecin, Pedro Celaya Lemaza, et un soigneur, Pepe Marti, respectivement suspendus à vie et pour quinze ans.

Dans une lettre ouverte publiée sur son compte Twitter, Bruyneel a « reconnu et complètement accepté les nombreuses erreurs faites dans le passé ».

« Il y a beaucoup de choses que j’aimerais avoir faites différemment et il y a certains actes que je regrette profondément. La période que j’ai vécue comme coureur puis comme directeur sportif était très différente de ce qui se passe maintenant », a-t-il expliqué.

« Nous étions tous des enfants de notre époque face aux pièges et aux tentations qui faisaient partie de la culture de ce temps-là, nous ne prenions pas toujours les bonnes décisions », s’est défendu le Belge, qui avait pris sous son aile le jeune Armstrong, débarqué dans le peloton européen en 1992.

Bruyneel règle ses comptes avec l’Usada

Johan Bruyneel, qui remporta durant sa carrière de coureur, sous la conduite du sulfureux Manolo Saiz, deux étapes dans le Tour de France et qui porta pendant une journée le célèbre maillot jaune, a toutefois tenu à régler ses comptes avec l’Usada, l’agence américaine antidopage, qui l’a fait tomber avec Armstrong en 2012.

« En dépit de la décision du TAS, je maintiens avec vigueur ma position selon laquelle l’Usada n’a aucune autorité légale sur moi (…) et de fait n’a aucun pouvoir pour lancer une procédure contre moi et par conséquent ne peut pas me suspendre », écrit-il. Et de conclure de façon incompréhensible au regard de sa suspension : « Mon but et mon désir restent toujours de contribuer à mon sport, de l’aider à grandir et de le rendre meilleur dans les années à venir. »

L’AMA a salué par la voix de son directeur général, Olivier Niggli, la décision du TAS : « Les sanctions prononcées par l’AAA n’étaient pas assez fortes et nous réclamions plus au nom du sport propre et pour protéger le cyclisme. »

Le patron de l’Usada, Travis Tygart, à l’origine de la chute du système Armstrong, a rappelé qu’il avait fallu « faire des efforts difficiles pour que la vérité éclate totalement ». « Notre rôle est de rechercher la justice même quand la route est longue et exposée aux vents, car c’est exactement ce que les sportifs propres attendent de nous et méritent », a-t-il noté, tout en regrettant que Bruyneel et ses complices « aient tiré toutes les ficelles possibles pour éviter la vérité ».