C’est par une porte modeste – les services de mobilité – que PSA revient aux Etats-Unis. / ERIC PIERMONT / AFP

Vingt-sept ans après avoir quitté les Etats-Unis, PSA fait, en cette fin d’automne 2018, à nouveau rouler des automobiles outre-Atlantique, même si pour le moment aucune d’entre elles n’arbore un logo de ses marques. Le groupe automobile français (Peugeot-Citroën-DS-Opel-Vauxhall) lance à Washington, jeudi 25 octobre, sa première offre d’autopartage nord-américaine avec le déploiement d’une flotte de voitures lui appartenant. « Ce service proposé en free-floating donne accès à six cents véhicules stationnés dans les rues des huit arrondissements du district de Columbia », précise un communiqué de PSA.

Les voitures proposées en location courte durée – inconnues en Europe – sont de marque Chevrolet (groupe General Motors), aucun des véhicules du constructeur français n’étant à ce jour homologué aux Etats-unis. Deux cents 200 SUV Equinoxe et 400 Cruze – une berline compacte – vont arriver dans les prochaines semaines.

Le service permet de louer le véhicule pour une durée de quelques minutes ou plusieurs jours, moyennant un abonnement de 10 dollars (8,75 euros) et une redevance de 47 cents par kilomètre parcouru. Réservation, paiement, verrouillage-déverrouillage du véhicule : tout se fait à partir de l’application Free2Move – la marque de service de mobilité de PSA. L’utilisateur peut parcourir jusqu’à 800 kilomètres pour une location et garer son véhicule où bon lui semble dans la capitale fédérale américaine.

« Un retour étape par étape »

C’est donc par une porte modeste – les services de mobilité – que PSA revient aux Etats-Unis. La décision a été prise en 2017 par Carlos Tavares, président du directoire de PSA, d’y retourner après plusieurs décennies d’absence et une longue histoire de tentatives en général ratées, qui ont pris fin en 1991. Peugeot comme Citroën ont longtemps pâti d’une image médiocre, symbolisée par la Peugeot 403 de Colombo, qui, pour les Américains, était à l’automobile ce que l’imperméable du célèbre inspecteur était à l’élégance.

« C’est un retour étape par étape qui va s’étaler sur dix ans, commente Larry Dominique, directeur de PSA Amérique du Nord. Nous avons d’abord lancé l’application Free2Move en 2017 à Seattle. Maintenant nous proposons des flottes de voitures partagées en propre. Ensuite, il y aura le lancement de flottes avec nos marques puis, enfin, la commercialisation directe. » Carlos Tavares a indiqué que la prochaine génération de véhicules Peugeot-Citroën-DS serait conçue pour être homologués en Amérique du Nord.

« Washington avait exactement la bonne taille pour notre lancement, souligne Michel Stumpe, directeur des services d’autopartage en Amérique du Nord. Dès que nous aurons appris suffisamment de ce premier essai, nous proposerons notre offre dans d’autres villes. » PSA n’a pas souhaité indiquer où il pourrait à nouveau lancer des flottes Free2Move, mais il est question de Birmingham (Alabama), Jacksonville (Floride) ou Chicago (Illinois).

Compétition féroce

PSA n’est pas le premier à avoir eu cette idée de proposer des véhicules en autopartage dans les métropoles américaines. La compétition est même déjà féroce. Le citoyen en quête de mobilité a le choix déjà entre des acteurs de poids : ReachNow (BMW), Car2Go (Daimler), Maven (General Motors) ou Zipcar (Avis). « Nous voulons nous singulariser et offrir une expérience unique à nos clients, assure M. Dominique. Nous proposons des véhicules plus grands et plus confortables que nos concurrents. »

Pas question non plus pour PSA d’indiquer un quelconque objectif de chiffre d’affaires et encore moins de rentabilité. « Nous sommes là pour emmagasiner de l’expérience », se contente-t-il d’expliquer. Et il ne s’agit pas de perdre sa chemise dans l’affaire : l’équipe Free2Move à Washington est limitée à cinq personnes et tous les services (déploiement, nettoyage, maintenance, etc.) seront effectués par des prestataires.

Mais il n’y a pas que l’Amérique. Le prochain lancement majeur des services de mobilité de PSA ne se fera pas aux Etats-Unis mais à Paris. Environ cinq cents véhicules siglés Free2Move devraient faire leur apparition dans la capitale française dans les semaines qui viennent, avec un peu de retard par rapport à l’éternel rival Renault, qui vient d’annoncer le déploiement de 100 Zoe en autopartage. En tout 750 véhicules partagés sont aujourd’hui opérés en propre par PSA-Free2Move : 300 à Madrid, 150 à Lisbonne et 300 à Wuhan (Chine). A la même période l’an prochain, ils devraient être plus de quatre mille.