Culturebox à la demande, comédie musicale

Wonderful Town (1953), demeure méconnu, tapi à l’ombre d’On the Town (1944), de Candide (1956) et du succès planétaire que fut – et est toujours – West Side Story (1957). Contrairement aux adaptations cinématographiques d’On the Town et de West Side Story, la version pour le grand écran de Wonderful Town, My Sister Eileen (1955), de Richard Quine – privée de la musique de Bernstein –, n’est pas restée dans les annales.

Quant à sa mouture scénique, elle n’aura connu à Broadway qu’une seule nouvelle production (2003) depuis sa création.

On ne s’étonnera donc pas que l’histoire de ces deux sœurs, Eileen et Ruth, débarquées à New York de leur Ohio natal, n’ait pas connu de production en France avant que l’Opéra de Toulon ne la propose en janvier. Il a été décidé, à cette occasion, de « moderniser » Wonderful Town à la manière, particulièrement calamiteuse, du metteur en scène Robert Carsen avec Candide, au Théâtre du Châtelet en 2006.

Mise en scène simple et enlevée

Le texte parlé est modifié et il est fait référence à des événements et personnages postérieurs au temps de l’action : le bar gay The Stonewall où ont eu lieu, en juin 1969, des émeutes décisives dans l’histoire des communautés LGBT, les Village People (sic !), etc.

Quand on voit les personnages communiquer par des smartphones et alors que Donald Trump est évoqué, on comprend qu’on n’est décidément pas à l’époque décrite par le livret original, même si les costumes font en général plus 1950 que 2018…

Mais l’agacement que provoque cette actualisation d’une œuvre dont le charme tient justement à sa désuétude est heureusement compensé par une mise en scène simple et enlevée qui fait passer ces deux heures comme un charme, grâce à des interprètes qui, même s’ils ne sont pas de premier plan, emportent la mise.

Wonderful Town, de Leonard Bernstein. Avec Jasmine Roy, Rafaëlle Cohen, Dalia Constantin, Lauren Van Kempen. Orchestre de l’Opéra de Toulon, Larry Blank (direction), Olivier Bénézech (mise en scène), Johan Nus (chorégraphie) (Fr., 2018, 2 heures). Disponible sur Culturebox jusqu’au 19 avril 2019.