L’attaquant de 20 ans a débuté la rencontre sur le banc des remplaçants. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Il se passe toujours quelque chose dans les rencontres OM-PSG. Et cette version 2018 de ce que le monde du football appelle le « classico », n’a pas dérogé à la règle. Dimanche soir, en clôture de la onzième journée du championnat de Ligue 1, la surprise n’est pas tant venue de la victoire du Paris-Saint-Germain (0-2), qui a pris l’habitude, douloureuse pour les Marseillais, de battre son éternel rival. Mais plutôt des à-côtés d’un match dont le PSG est sorti content mais troublé et l’Olympique de Marseille très en colère, accusant l’arbitre d’avoir faussé le résultat.

Le héros du match pour Paris, s’appelle, une fois de plus, Kylian Mbappé. Mais le jeune champion du monde a ajouté dans un stade Vélodrome forcément hostile, une ligne des plus inattendues à sa légende grandissante. Arrivé en retard à la causerie d’avant-match dans l’après-midi à l’hôtel où résidaient les Parisiens, l’attaquant de 20 ans a débuté la rencontre sur le banc des remplaçants. Une punition « pour raisons disciplinaires », expliquera après coup l’entraîneur parisien Thomas Tuchel, qui a également frappé son coéquipier Adrien Rabiot, coupable de la même nonchalance.

Réaction d’orgueil

Si le milieu de terrain parisien est apparu toute la soirée crispé par la sanction, Kylian Mbappé, lui, a réagi à sa manière. Aussi brillante qu’orgueilleuse. Rentré sous la bronca du public marseillais à l’heure de jeu – la durée de la punition –, il est allé ouvrir le score trois minutes plus tard. Un ballon perdu par l’OM, une course qui laisse le défenseur Boubacar Kamara, 19 ans, sur place, et une frappe croisée que Steve Mandanda, son coéquipier en équipe de France, ne bloque pas. La comète Mbappé a frappé.

Et comme souvent avec la jeune star, le message sur le terrain s’est doublé d’un contrepoint médiatique. « Une grande équipe se repose sur des leaders. Je pense que je peux assumer ce rôle et je l’ai fait aujourd’hui » glissait-il à la sortie du match au micro de Canal+, avant de filer, encore en short et crampons, tenir une courte réunion familiale avec sa mère et son père, présents au Vélodrome. Une scène surréaliste qui montre à quel point l’épisode était d’importance pour le clan Mbappé.

« Je n’aime pas jouer sans Kylian et Adrien, surtout dans une rencontre comme celle-là. C’est une décision très difficile, mais c’était nécessaire » concédait Thomas Tuchel, visiblement gêné d’avoir eu à punir deux de ses habituels titulaires pour « le bien de l’institution ». La réponse de Kylian Mbappé a été entendue et l’histoire devrait s’arrêter là. « Pour moi, maintenant, c’est bon, c’est fini » assurait l’entraîneur parisien dans les coulisses du stade Vélodrome, rassuré de voir son équipe battre un rival potentiel, quatre jours après sa contre-performance en Ligue des Champions contre Naples (2-2).

L’OM, en revanche, va ruminer longtemps la conclusion d’un match qu’elle imaginait à sa portée. Et notamment ce but marqué par Kostas Mitroglou à la 86e minute et refusé par l’arbitre Benoît Bastien, pour une obstruction peu évidente du Néerlandais de l’OM Kevin Strootman sur le capitaine parisien Marquinhos. À cet instant, Marseille aurait pu revenir à égalité. Et n’aurait peut-être pas encaissé le second but marqué par Julian Draxler au bout du temps supplémentaire (95e).

Jeu stérile

« Le score n’est pas logique » grognait un Rudi Garcia très agacé. « La défaite est cruelle. J’estime qu’on a fait jeu égal avec le Paris-Saint-Germain qui a un budget quatre fois plus important que le nôtre » complétait sur le même tempo, le président Jacques-Henri Eyraud, qui a exprimé son désaccord à l’arbitre après la rencontre. Les Marseillais reprochent à M. Bastien de ne pas avoir consulté les images vidéo de l’action litigieuse. « Si un jour la VAR [l’assistance vidéo à l’arbitrage] est mise en route dans le championnat de France, on ne verra pas ce qui est arrivé aujourd’hui » ironisait l’entraîneur marseillais, avant d’abréger sa conférence de presse d’après-match.

La charge contre l’arbitrage ne peut toutefois masquer les insuffisances de l’OM. Face à une équipe parisienne fortement diminuée par les absences des blessés Thiago Silva et Edison Cavani, du suspendu Presnel Kimpembé et des deux punis de dernière minute, les Marseillais, malgré un excellent Florian Thauvin revenu de blessure, ont été solides mais stériles.

La faute, peut-être, au système de jeu choisi par Rudi Garcia. Pour battre cette équipe invaincue depuis dix journées, l’entraîneur marseillais avait trituré toutes les solutions à sa disposition. « Ça fume » plaisantait-il même la veille de la rencontre. Dans l’ambiance chaude d’un Vélodrome, où les fumigènes, absents depuis le début de la saison, ont fait un retour incandescent devant les yeux de la ministre des sports, Roxana Maracineanu, l’OM s’est finalement présenté sans véritable attaquant de pointe.

Coup de poker ou symbole du manque de confiance en ses deux avants-centres Kostas Mitroglou et Valère Germain ? « On voulait bien défendre et bien utiliser le ballon. Tous mes joueurs techniques étaient sur le terrain » livrait, en guise d’explication, Rudi Garcia. Le choix de l’entraîneur marseillais ne manquera pas de relancer le débat à Marseille sur la nécessité d’engager un grand attaquant. L’OM, cinquième à 14 points de l’intouchable PSG, définitivement lancé vers un nouveau titre de champion, semble toujours en avoir un besoin criant.