L’Eglise catholique française poursuit son opération de transparence. A quelques jours de la Conférence des évêques de France (CEF), à Lourdes, au cours de laquelle des victimes d’abus sexuels seront pour la première fois invitées à témoigner, l’épiscopat a publié, mardi 30 octobre, un second rapport sur la lutte contre la pédophilie dans l’Eglise.

Celui-ci fait état de 211 témoignages de victimes auprès des institutions ecclésiales entre janvier 2017 et octobre 2018. Le premier bilan, publié en janvier 2017, recensait 222 victimes entre 2010 et 2016. La CEF analyse cette croissance par « la mise en place de moyens nombreux et nouveaux pour accueillir ces personnes » et la « médiatisation permanente » des affaires d’abus sexuels, susceptible d’inciter les victimes à se manifester.

Sur les 211 témoignages, 75 ont fait l’objet d’un signalement au procureur. Selon la CEF, plusieurs raisons expliquent cette différence : « Au moins onze des auteurs impliqués par les témoignages sont décédés », « plusieurs témoignages se réfèrent à un auteur unique » et « certains ne justifiaient pas de signalement au procureur ».

Par ailleurs, 129 clercs (prêtres et diacres) ont été mis en cause par un témoignage, un signalement ou une plainte. Dix d’entre eux ont été mis en examen et quatre sont incarcérés. Quarante-neuf autres ont fait l’objet d’une suspension provisoire de tout ou partie de leur ministère et neuf supplémentaires ont fait l’objet d’une sanction de justice canonique (justice de l’Eglise, comme la suspension définitive, l’interdiction de confesser ou encore l’interdiction d’exercice du ministère avec des enfants).

Les autres cas peuvent faire l’objet d’une investigation en cours ou sont tombés sous le coup de la prescription.

Cellules d’écoute

Au-delà des chiffres, les évêques veulent mettre en lumière les dispositifs mis en place aux niveaux national et local depuis près de deux ans en matière de lutte et de prévention, comme les cellules d’écoute diocésaines.

Depuis 2016, « entre 7 000 et 8 000 personnes ont bénéficié d’une sensibilisation ou d’une formation », est-il ainsi souligné dans le rapport. Et Mgr Luc Crepy, président de la cellule permanente de lutte contre la pédophilie, de conclure : « Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. La culture du secret, la tentation de minimiser la gravité des abus sexuels, l’oubli ou le refus d’écouter les victimes et celle de vouloir défendre à tout prix l’institution sont autant d’obstacles à surmonter dans l’Eglise. »