Les chiffres ne disent pas toujours la vérité, un classement non plus. Disons qu’il peut maquiller la vérité, induire en erreur. Oui, selon le classement avant cette 12e journée, le Paris-Saint-Germain recevait au Parc des Princes son dauphin, Lille. La logique sportive veut qu’on parle de choc, de rencontre au sommet et pourquoi pas de tournant en puissance du championnat. Avec cette victoire 2 – 1, le PSG a remporté une douzième victoire en autant de rencontres et repoussé la « menace » lilloise à 11 points.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

De quelle menace parle-t-on ? D’une équipe au bord de la relégation en mai, auteur d’un début de saison aussi inattendu que séduisant, mais en aucun cas d’un challenger potentiel capable de regarder et défier le champion dans le blanc des yeux. Si le classement ne dit pas toujours la vérité, le résultat du soir non plus. Ce 2-1 ne traduit pas l’écart entre deux équipes que 55 points séparés la saison dernière. Le penalty concédé par Thilo Kehrer et transformé par Nicolas Pépé dans les arrêts de jeu, n’est jamais que le pansement sur la jambe de bois qu’est cette Ligue 1 en matière de suspense.

« Trop fort. Vraiment trop fort pour nous »

Si le club parisien a été mis en difficulté ce vendredi, il le doit surtout à la saison 2 de Football leaks lancée à 18 h par le site Médiapart et dont il a encore hérité du rôle principal. Pointé du doigt dans ce qui ressemble à une grande feinte du fair-play financier, le directeur général Jean-Claude Blanc, a occupé l’espace médiatique avant la rencontre pour plaider la théorie du complot. « Les règles du fair-play financier ont été petit à petit détournées pour empêcher des nouveaux entrants de venir perturber un cartel bien organisé de clubs », a plaidé le dirigeant au micro de RMC Info. Comprenez, le PSG dérangerait les puissances en place comme le Real Madrid, le Bayern Munich ou la Juventus Turin par exemple.

En Ligue 1, le PSG ne connaît pas de contre-pouvoir. Pas besoin pour les hommes de Thomas Tuchel d’être sublime, le sérieux suffit. Surtout quand il est accompagné en supplément du talent de Kylian Mbappé, dont la frappe enroulée à la « Thierry Henry » concrétise à 70e minute une domination implacable mais maladroite dans le dernier geste de son équipe. Neymar doublera la mise peu après (83e minute) sur une action un rien forcée sur laquelle le brave Thomas Meunier attend toujours le ballon, seul sur son côté droit.

« Trop fort. Vraiment trop fort pour nous ». Lapidaire, Christophe Galtier expédie une phrase d’introduction l’analyse de la défaite. Même pas fâché ou déçu, l’entraîneur du Losc a assuré le service après-vente du PSG. « Pour espérer faire un résultat contre Paris, il faut être au top dans tous les secteurs et que Paris soit un peu moins bien, poursuit-il. Ce soir, ils ont été au top, donc, automatiquement, on n’a pas existé dans ce qu’on sait faire d’habitude. »

Un journaliste lui rappelle que son équipe s’en sort avec la plus étroite défaite de la saison en championnat, puis l’interroge sur d’éventuelles contrariétés que sa formation a pu poser à la machine parisienne. « Vous trouvez ? », répond le technicien avec le sourire de celui qui n’est pas dupe de l’excès de bienveillance de son interlocuteur.

Naples déjà dans les têtes

Bon prince, Thomas Tuchel a salué sa victime du soir : « Lille est une des meilleures équipes d’Europe en termes en contre-attaque ». Peut-être, mais les Nordistes n’ont ni contré, ni attaqué. La faute à des Parisiens concernés et discipinés dans un 3-5-2 en progrès et cher à leur entraîneur. « Il y a eu beaucoup de structure, de possession de balle, on a fermé les espaces », a apprécié l’Allemand se laissant même aller à parler de « performance magnifique » et de « meilleur match de la saison ».

Même la mésaventure de Marco Verratti - trop indécis entre boire et conduire dans la nuit de mardi à mercredi - ne lui enlèvera pas son sourire. « Ce n’est pas bien ce qu’il a fait. » Puis demandant l’aide de son traducteur, il laisse entendre que l’Italien a eu de la chance que cet écart ne soit pas survenu la veille d’un match. Un argument comme un autre. Sinon, Adrien Rabiot est resté 89 minutes sur le banc. Mais promis, le retardataire de Marseille n’était plus « puni ».

Ancien barman de Stuttgart, dans ses jeunes années, Thomas Tuchel sait que la qualité du service au PSG se juge seulement en Ligue des champions. Son équipe peut bien enchaîner les records en Ligue 1 et réduire la concurrence au rang de faire-valoir, il lui reviendra toujours cette phrase qui bourdonne encore aux oreilles de ses prédécesseurs : « oui, mais on jugera en Ligue des champions ».

Les saisons précédentes le jugement attendait - et sanctionnait - à parti des huitièmes de finale. En danger avec quatre points en trois matchs dans leur groupe, les Parisiens appréhendent le déplacement à Naples, mardi 6 novembre avec la boule au ventre. « Naples, c’est un autre style », prévient Tuchel. Un autre monde aussi. Au match aller, les joueurs de Carlo Ancelotti avaient secoué des Parisiens, trop peu habitués à être bougé dans un championnat de France où les chocs n’existent même plus. Ou juste sur le papier.