Un père a porté plainte lundi 5 novembre près de Rennes pour « mise en danger de la vie d’autrui » contre YouTube, WhatsApp, un site de rencontres pour adolescents et contre l’Etat après la mort de son fils de 14 ans mi-octobre. Le procureur de la République de Rennes, Nicolas Jacquet, a confirmé ce dépôt de plainte auprès de la gendarmerie de La Guerche-de-Bretagne.

Retrouvé mort dans sa chambre chez ses parents, pendu avec sa ceinture de kimono, Kendal, bien inséré dans la vie et plein de projets, ne se serait pas suicidé mais aurait été pris au piège du « Momo challenge », selon sa famille. Accessible par la messagerie instantanée WhatsApp, ce jeu macabre menace ses participants en les incitant à commettre des actes dangereux pouvant aller jusqu’à la mort.

« J’accuse YouTube, WhatsApp et Rencontre-ados.com de ne pas protéger les jeunes, a affirmé à l’AFP René Gattino. J’estime que l’Etat n’a pas pris suffisamment en compte les dangers que représentent ces sites pour les jeunes. » « Quand ça vous tombe dessus, on ne comprend pas (…). On se croyait tranquille à la campagne. Mais Internet, c’est partout et on ne le sécurise pas », dénonce-t-il. En dépit de son âge, il explique ainsi avoir pu s’inscrire lui-même sur Rencontre-ados.com.

Eviter d’autres drames

Par ces démarches, la famille veut avant tout alerter l’opinion pour éviter, dit-elle, d’autres drames de même nature. « L’enquête et notamment les investigations techniques se poursuivent activement pour tenter de déterminer les circonstances exactes du décès », a précisé lundi le procureur. Peu après la mort, le magistrat avait également précisé que les enquêteurs examinaient si l’éventuelle « qualification de provocation au suicide sur des mineurs de 15 ans » pouvait être retenue.

Avant la rentrée, le député La République en marche des Hauts-de-Seine Gabriel Attal, devenu secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale, avait adressé une question au ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, pour l’alerter sur les dangers du « Momo challenge ».

Le député soulignait la « pression psychologique sur les plus jeunes » qui « les met en danger en les obligeant à réaliser des défis de plus en plus dangereux ». En 2017, la police nationale avait mis en garde contre les risques d’un jeu similaire, le « Blue whale challenge », qui poussait les jeunes à relever pendant cinquante jours des défis chaque fois plus dangereux jusqu’à la dernière étape : le suicide.

La figure du « Momo challenge ».