Les spectacles nocturnes de drones vont-ils enterrer les feux d’artifice ? Ils sont moins chers, plus respectueux de l’environnement et, surtout, beaucoup plus créatifs grâce à leur capacité à composer des figures d’une infinie diversité. La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en février 2018, en a apporté la brillante démonstration en faisant évoluer simultanément quelque 1 200 appareils. En France, les drones font partie du spectacle du Puy du Fou depuis plus d’un an.

Pourtant, depuis la cuisante déconvenue vécue la semaine dernière par les organisateurs d’un vaste show réalisé à Hongkong avec 100 appareils, on est plus tout aussi sûr que les feux d’artifice réalisés avec un essaim de drones soient à la veille de se banaliser.

Le 1er et le 2 novembre, les deux premières représentations avaient été exécutées sans le moindre incident. Les cent drones avaient évolué pendant sept minutes au-dessus du port de Victoria Harbour sous le regard de dizaines de milliers de participants au Hongkong Wine and Dine Festival. Les appareils, bardés de LED, avaient composé dans le ciel une bouteille, des flûtes de champagne, un énorme gâteau puis le chiffre 10 pour marquer le dixième anniversaire de cette manifestation qui regroupe les meilleurs chefs et attire les amateurs de bonne chère et de vins fins. Kitsch en diable mais spectaculaire.

La session du samedi 3 novembre s’est beaucoup moins bien déroulée. Quelques minutes après s’être mis en formation, l’essaim de drones a commencé à se désunir (voir à partir de 1 min 55 s dans la vidéo ci-dessous).

維多利亞港100架無人機空中緊急回航 100 drone Emergency Landing
Durée : 03:37
Images : L'incident débute à partir de 1'55

Quarante-six d’entre eux ont lentement décroché, avant de s’abîmer pour la plupart dans les flots devant les spectateurs interloqués et les organisateurs impuissants. Aucun blessé n’est à déplorer mais, selon le Hongkong Tourism Board, cité par le South China Morning Post, le préjudice représenterait 127 000 dollars (plus de 110 000 euros). Sans compter la blessure d’amour-propre des organisateurs.

Une perturbation du signal GPS ?

Que s’est-il passé ? Dans un premier temps, le Hongkong Tourism Board, à l’origine de la manifestation, a subodoré l’œuvre de hackeurs qui auraient subrepticement corrompu les programmes de l’ordinateur qui règle le ballet des drones. Les premiers éléments de l’enquête de police ont écarté cette hypothèse. Selon le Hongkong Tourism Board, la piste la plus plausible est celle d’une perturbation du signal GPS émanant « de sources extérieures ». Bref, un acte de malveillance délibéré et, en l’occurrence, imparable. Les systèmes de brouillage de GPS sont facilement disponibles en ligne, à des prix compris entre 13 et 12 000 euros fait remarquer le South China Morning Post.

Certains experts émettent quelques doutes sur l’éventualité d’un brouillage volontaire, mettant en exergue le fait que le contact n’a été perdu qu’avec une partie et non la totalité des drones. D’autres assurent que le signal GPS était faible dans certains endroits de Victoria Harbour et que la présence de milliers de spectateurs, et donc d’appareils connectés, pourrait avoir perturbé le bel ordonnancement des figures aériennes.

Quelle que soit l’origine de ce crash collectif, un tel incident interpelle sur la sécurité et la pérennité des spectacles utilisant des drones évoluant en vol programmé. Et confirme que la course de vitesse entre systèmes de lutte antidrones et systèmes de protection contre les tentatives de brouillage devrait alimenter un marché prometteur.