L’objectif de Babilou est de détenir entre 200 et 300 crèches américaines d’ici cinq ans. / JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Un appétit d’ogre ! Depuis des mois, les dirigeants de Babilou ne cachaient pas être à la recherche d’acquisitions partout à travers le monde. Le petit géant français des crèches privées vient de dénicher deux morceaux de choix à se mettre sous la dent, Little Sprouts aux Etats-Unis et Nurture Education Group à Singapour.

Avec ces deux transactions, dévoilées mardi 6 novembre, l’entreprise fondée en 2003 par les frères Rodolphe et Edouard Carle grandit d’un coup de façon spectaculaire. « De 320 millions d’euros en 2017, notre chiffre d’affaires va passer à 450 millions d’euros en année pleine », en intégrant aussi les achats de moindre taille signés plus tôt dans l’année, se félicite Rodolphe Carle, aîné des deux frères et président de Babilou.

De quoi hisser le petit groupe parmi les entreprises de taille intermédiaire qui comptent en France. Et ce n’est qu’un début : après avoir pris pied en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est, la famille Carle entend bien poursuivre ses emplettes sur ces marchés clés.

Avec Little Sprouts (« petites pousses »), la plus grande acquisition de son histoire, Babilou met la main sur une société elle aussi en plein essor. Fondée en 1982, l’entreprise a été relancée en 2012 par une équipe emmenée par un ex-banquier, Mark Anderegg, et soutenue financièrement par un fonds d’investissement new-yorkais, Wicks. « En quelques années, ils ont doublé la taille de Little Sprouts, notamment en achetant d’autres structures, souligne M. Carle. La société gère à présent 45 crèches et compte 850 employés. » Pour Wicks, le temps était venu de sortir du capital et de prendre ses bénéfices.

D’autres acquisitions en vue

Avec 5 000 places, surtout autour de Boston (Massachusetts), et un chiffre d’affaires d’environ 50 millions de dollars (44 millions d’euros), Little Sprouts demeure évidemment loin des trois leaders américains des crèches privés, KinderCare, The Learning Care et Bright Horizons. A lui seul, KinderCare comptabilise 185 000 enfants sous son aile depuis l’absorption en août de son concurrent Rainbow. Mais « cette opération nous permet d’entrer de façon assez idéale sur le marché américain, le plus grand au monde, explique le président de Babilou. Une fois cette société intégrée, nous comptons réaliser d’autres opérations aux Etats-Unis, où de nombreuses entreprises de taille moyenne vont se retrouver confrontées à un problème de succession ». Objectif de M. Carle : détenir entre 200 et 300 crèches américaines d’ici cinq ans.

Le deuxième achat officialisé mardi, celui de Nurture Education, avait été conclu dès avril, mais nécessitait encore le feu vert du gouvernement de Singapour. Dans cette cité-Etat, l’éducation est en effet considérée comme un secteur stratégique et une priorité politique – ce n’est pas un hasard si le pays se classe régulièrement en tête du classement PISA de l’Organisation de coopération et de développement économiques. « Avant de pouvoir prendre le contrôle du troisième opérateur local de crèches, nous avons dû nous soumettre à un audit, expliquer notre projet et prouver notre solidité financière », raconte M. Carle. Là encore, cette acquisition en annonce d’autres. Depuis Singapour, les frères Carle rêvent déjà d’aborder la Malaisie, l’Indonésie et l’Australie. Heureux, mais pas encore rassasiés.