Un combattant chiite examine des corps récemment déterrés d’une fosse près de Sulaiman Pek, le 5 septembre 2014. / AHMED JADALLAH / Reuters

Plus de 200 charniers renfermant jusqu’à 12 000 corps ont été mis au jour dans plusieurs provinces d’Irak tenues entre 2014 et 2017 par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), a annoncé mardi 6 novembre l’Organisation des Nations unies (ONU), expliquant qu’il « pourrait y en avoir beaucoup plus ».

Dans leur rapport, la Mission onusienne d’assistance en Irak et le Bureau des droits humains de l’ONU appellent en outre les autorités irakiennes à préserver ces sites pour pouvoir collecter des preuves des crimes djihadistes et apporter des réponses aux familles de disparus.

D’autres fosses à découvrir

Parmi ces fosses communes découvertes dans les provinces de Ninive, Kirkouk et Salahaddin, dans le nord de l’Irak, ainsi qu’à Al-Anbar, dans l’ouest, seules 28 ont été fouillées et 1 258 corps exhumés par les autorités irakiennes, rapporte l’ONU. D’autres renferment quelques corps ou jusqu’à plusieurs milliers. C’est très probablement le cas d’une cavité naturelle au sud de Mossoul, l’ancienne « capitale » de l’EI dans le nord de l’Irak, surnommée « Khasfa » (le gouffre, en arabe), où les habitants rapportent que les djihadistes exécutaient chaque jour des dizaines d’Irakiens, notamment des membres des forces de l’ordre.

Près d’un an après l’annonce par Bagdad de sa « victoire » sur l’EI, « les preuves rassemblées sur ces sites seront centrales », estime le rapport, appelant à préserver ces lieux et à y mener des exhumations dans les règles. Seuls ces éléments, poursuit-il, pourront « garantir des enquêtes crédibles, des procès et des condamnations conformes aux standards internationaux », alors que des enquêteurs onusiens ont commencé à rassembler des preuves en Irak. Car, assure le rapport, durant trois années, les djihadistes ont perpétré « des violations systématiques des droits humains et du droit humanitaire – des actes qui peuvent constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et un possible génocide ».

Aider les familles à faire leur deuil

De plus, a rappelé Michelle Bachelet, haute-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, si « les horribles crimes de l’EI en Irak ne font plus les gros titres, le traumatisme des familles de victimes existe toujours et le sort de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants est toujours inconnu ».

« Déterminer les circonstances de ces nombreuses morts sera une étape importante dans le processus de deuil des familles et dans le parcours pour garantir leurs droits à la vérité et à la justice », a de son côté affirmé le représentant spécial des Nations unies en Irak, Jan Kubis. Selon le rapport, les familles de disparus doivent s’adresser à cinq administrations différentes, « un processus à la fois chronophage et frustrant pour des familles traumatisées ».

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