Face à Bordeaux samedi dernier, à l’image de son équipe, Memphis Depay n’a pas été bon. / ALEX MARTIN / AFP

Quand Memphis Depay va, tout va pour l’OL. L’attaquant n’est pas champion du monde, ni capitaine (deux qualités de Nabil Fekir), mais son rôle est aujourd’hui crucial dans la bonne santé de son équipe. Si le Néerlandais est du genre à choisir ses matchs, l’Olympique lyonnais espère qu’il a coché ce mercredi 7 novembre et la réception des Allemands de Hoffeinheim pour un rendez-vous déjà décisif en vue de la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Depuis quelques mois, l’influence de l’enfant terrible du football batave est en pleine croissance. La saison passée, Depay a pratiquement qualifié à lui tout seul l’OL en Ligue des champions. Entre la 30e et la 38e journée de Ligue 1, il a réussi une incroyable série de 10 buts et 6 passes décisives. De quoi très vite hériter du costume d’homme providentiel.

Le jeune homme de 24 ans passé par Manchester United est habitué à composer avec les attentes élevées que son talent laissait déjà percevoir lors de ses années d’apprentissage au PSV Eindhoven. Le tatoué a l’habitude de clamer (encore une fois au mois d’août) qu’il est fait pour rejoindre un grand club. Mais cette saison, la belle mécanique se grippe, tout comme le jeu déployé par Lyon, qui tire plus souvent vers le médiocre que vers le sublime.

Memphis Depay a marqué lors du match aller face à Hoffenheim. / Michael Probst / AP

Hormis un but en ouverture du championnat face à Amiens, le 12 août, Memphis Depay est resté aphone pendant huit matchs avant de retrouver le chemin des filets, le 19 octobre contre Nîmes, et d’inscrire quelques jours plus tard un autre but en Ligue des champions à Hoffenheim (3-3 le 23 octobre). Dans le même temps, malgré une quatrième place en Ligue 1 et une deuxième place du groupe F en Coupe d’Europe, on isole à peine trois gros matchs de l’OL parmi la quinzaine disputée jusqu’alors – les victoires contre Manchester City (2-1), l’OM (4-2) et Dijon (3-0).

Décisif en Ligue des champions

Samedi dernier, le fantasque footballeur est sifflé contre Bordeaux (1-1) : pourtant pas plus mauvais qu’un autre au milieu de ce brouillon collectif, son statut spécial et certaines attitudes agaçantes favorisent cette réaction d’une partie du public. Dernier épisode en date, des déclarations tapageuses à l’issue d’un match où son entrée en jeu (1 but et 1 passe décisive) permet à Lyon de changer de visage et de l’emporter à Angers (27 octobre). En zone mixte, Depay livre, sans fard ou fausse modestie, un avis tranché que l’on peut résumer ainsi : « Je suis trop bon pour être remplaçant » :

« J’en ai marre d’entendre à chaque fois que j’ai changé le match. Je ne me sens pas toujours comme un joueur respecté. Je fais le job à chaque fois, je suis fort mentalement. Je dois accepter les décisions du coach. Je suis un peu déçu, je pense mériter plus de respect. Je mérite mieux que ça, et je devrais jouer à chaque match. »

L’atmosphère feutrée du vestiaire lyonnais en a été toute chamboulée. Chose rare dans le Rhône, la mise au point en interne adressée à Depay par l’entraîneur Bruno Genesio a même fuité dans la presse, suscitant la réprobation publique de certains joueurs. « Je veux m’excuser, Memphis. Je m’excuse pour tous tes retards, notamment à la reprise cet été, je m’excuse pour les équipements que tu portes qui ne sont pas ceux du club, je m’excuse pour ton échauffement à Angers, ton retard et ton manque d’implication. Memphis, pour avoir une belle carrière, il faut de l’humilité », aurait raillé Genesio.

Toujours est-il que si son comportement est emprunt d’extravagance et, parfois, d’égocentrisme, ses qualités exceptionnelles en font un joueur rare. Différent. De ceux capables de faire basculer le sort d’une rencontre. Plus que jamais en difficulté collective, Lyon ne peut pas se payer le luxe de se passer d’un tel talent individuel.

Il y a un peu plus d’un mois, le 3 octobre, Memphis Depay a été laissé sur le banc lors de la réception à huis clos du Chakhtar Donetsk. Son entrée en jeu va coïncider avec le réveil d’une équipe jusqu’à alors apathique et menée 2-0. En quelques minutes, L’OL refait son retard et manque d’un rien d’arracher la victoire.

Un précédent que ferait bien de garder en mémoire Bruno Genesio avant de désigner son onze titulaires contre Hoffenheim. Aux dernières nouvelles, l’attaquant serait en effet en balance pour une place de titulaire avec le Français Moussa Dembélé (recruté fin août au Celtic Glasgow). Un retour sur le banc ne serait certainement pas apprécié par Depay, qui reste indispensable.