Michel Desjoyeaux a remporté la Route du rhum en 2002, une édition au cours de laquelle seuls trois des dix-huit trimarans Orma (multicoques de 60 pieds) avaient rallié Pointe-à-Pitre. / FRED TANNEAU / AFP

Trois des Ultimes, ces trimarans de plus de 30 mètres de long, véritables « formule 1 des mers », engagés dans la onzième édition de la Route du rhum sont déjà « hors service » après seulement deux jours de course. Mardi, le maxi-trimaran skippé par Armel Le Cléac’h, Banque-populaire-IX, a chaviré vers midi au large des Açores. Le marin est sain et sauf.

La veille, c’est Sébastien Josse, alors en tête de la course avec son maxi Edmond-de-Rothschild, qui avait « perdu un bout de 8 mètres d’étrave » de son flotteur tribord, avant que Thomas Coville voie le carénage du bras avant bâbord de son maxi-trimaran Sodebo se casser. Les deux marins ont décidé de rejoindre La Corogne.

Interrogé sur ces « casses » multiples, Michel Desjoyeaux, vainqueur d’une édition, en 2002, où seuls trois des dix-huit trimarans Orma (multicoques de 60 pieds) avaient rallié Pointe-à-Pitre, et qui n’a pas pris le départ cette année, écarte l’idée d’une fragilité de ces maxi-trimarans. Il considère également que les conditions météorologiques actuelles « n’ont rien d’étonnant ».

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Avant le départ, on soulignait que les Ultimes équipés de foils – ces appendices élévateurs permettant de s’extraire de l’eau et d’augmenter drastiquement la vitesse – étaient un peu un saut dans l’inconnu dans des conditions de course. Cette succession d’accidents traduit-elle une fragilité de ces bateaux ? Leurs skippeurs les ont-ils poussés trop loin ?

Michel Desjoyeaux : Je ne crois pas que les Ultimes soient des bateaux trop fragiles. Si le chavirage d’Armel Le Cléac’h est dû à l’un des flotteurs, c’est peut-être que celui-ci a été endommagé dans le premier chavirage et que cela ne s’est pas vu [Armel Le Cléac’h avait chaviré à l’entraînement en avril]. Ou a-t-il chaviré en essayant de sauver son bateau. Je n’en sais rien, je ne peux pas commenter.

En tout cas, ces bateaux sont capables d’affronter ces conditions de mer. Ils sont difficiles à mener mais leurs skippeurs sont des marins très expérimentés.

Au vu des mauvaises conditions météorologiques, avec une dépression qui sévit depuis la nuit dernière dans le golfe de Gascogne, les navigateurs auraient-ils dû se montrer plus prudents ?

C’est le début de l’hiver sur l’Atlantique nord. Ces conditions météorologiques n’ont rien d’étonnant. J’ai entendu parler de 40-45 nœuds, pas plus. En 2002, sur le Rhum, on a connu jusqu’à 70 nœuds quand la tête de la flotte a été décimée.

Il appartient au skippeur de savoir s’il prend le départ d’une course. C’est l’une des règles fondamentales de la course à la voile édictées par la fédération internationale World Sailing. Il lui appartient de savoir, en fonction des conditions météorologiques, s’il s’arrête pour repartir, s’il peut, ou pour abandonner.

Certains skippeurs ont choisi d’aller se mettre à l’abri. Aurait-il fallu anticiper ou retarder un peu le départ de la course sachant que les conditions météorologiques allaient être difficiles ?

Le skippeur est le seul responsable, et lui seul. Ce n’est ni le sponsor, ni le directeur de course. C’est au marin de savoir s’il peut gérer son bateau. Après, la voile n’est pas une science exacte. La direction de course a facilité les démarches pour que les concurrents puissent s’abriter dans plusieurs ports. Ils sont une trentaine, à ma connaissance, à l’avoir fait.