« Est-ce que l’Elysée a dissimulé quelque chose [au sujet de l’affaire Alexandre Benalla]. Rien du tout (…) L’Elysée n’a rien caché », a déclaré Emmanuel Macron, sur Europe 1, mardi 6 novembre. C’est faux. Il a fallu attendre le 18 juillet pour que les Français apprennent que l’adjoint au chef de cabinet de M. Macron, Alexandre Benalla, se trouvait le 1er mai place de la Contrescarpe, à Paris, muni d’un brassard de police ; qu’il était l’homme qui se cachait sous le casque, dans une vidéo pourtant mise en ligne sur Internet quelques heures après les événements, et largement visionnée. Personne sinon n’en aurait rien su.

Le 5 octobre, devant les juges, Alexandre Benalla a d’ailleurs convenu que l’Elysée était « surpris que [l’affaire] sorte maintenant », au cœur du mois de juillet.

Sa sanction serait également restée secrète si, le 18 juillet, Le Monde n’avait pas interrogé le directeur du cabinet du président de la République, Patrick Strzoda. Sans publicité, le préfet avait suspendu M. Benalla durant deux semaines, du 4 au 19 mai, pour son « comportement manifestement inapproprié » qui portait « atteinte à l’exemplarité attendue des agents de la présidence de la République ».

« Est-ce qu’il y a eu des interventions pour faire pression ? Personne », a aussi déclaré M. Macron sur Europe 1. Trois policiers sont pourtant mis en examen pour « violation du secret professionnel » et « détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection » après avoir transmis, sur un CD, des images des caméras de la Préfecture de police montrant sous un autre angle les violences de la place de la Contrescarpe.

Mis en examen pour « recel de violation du secret professionnel » et « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection », Alexandre Benalla a expliqué aux enquêteurs qu’il avait confié ces CD à Ismaël Emelien, conseiller spécial du président de la République.

« J’ai téléphoné au président du Sénat »

Devant les policiers, les trois policiers ont confirmé avoir confié ces images afin « d’aider » Alexandre Benalla à préparer sa défense, quelques heures après les révélations du Monde. Ils ont expliqué qu’ils n’auraient pas agi ainsi si le chef adjoint de cabinet ne leur était pas apparu comme l’homme de confiance de M. Macron. « Depuis l’élection de M. Macron, les chefs du groupe de sécurité de la présidence de la République (étaient) ostracisés par la présence de M. Benalla, a notamment déclaré le commissaire Maxence Creusat. Pour nous, M. Benalla (représentait) Macron pour tous les sujets sécurité. »

Enfin, le président de la République s’est mêlé personnellement de l’affaire Benalla alors qu’avaient repris au Palais du Luxembourg les auditions de la commission d’enquête parlementaire du Sénat.

Le 11 septembre, huit jours avant l’audition de son conseiller, Emmanuel Macron a téléphoné en personne à Gérard Larcher. Le chef de l’Etat l’a revendiqué dès le lendemain en conseil des ministres. « J’ai téléphoné au président du Sénat pour lui rappeler que la Constitution impose les principes de la séparation des pouvoirs et de la présomption d’innocence », a expliqué M. Macron devant le gouvernement.

Le 24 juillet, lors d’une soirée organisée pour fêter la fin de la session parlementaire à la Maison de l’Amérique latine, dans le 7e arrondissement de Paris, le chef de l’Etat avait fait applaudir son chargé de mission par les députés de La République en marche et la ministre de la justice, Nicole Belloubet. M. Benalla venait d’être mis en examen pour « violences en réunion » et « port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique ».

Macron sur l’affaire Benalla : « Le seul responsable, c’est moi »
Durée : 02:08

Sur Europe 1, mardi matin, Emmanuel Macron a de nouveau réclamé de l’« indulgence » pour son ancien conseiller.

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