L’écrivain français Nicolas Mathieu, à Paris, le 19 septembre. / JOEL SAGET / AFP

Le prix Goncourt a été attribué à Nicolas Mathieu pour Leurs enfants après eux (Actes Sud, 432 p., 21,80 euros) Etaient également en lice : Frère d’âme, de David Diop (Seuil), Maîtres et esclaves, de Paul Greveillac (Gallimard), et L’Hiver du mécontentement, de Thomas B. Reverdy (Flammarion). C’est, comme chaque année, depuis le restaurant parisien Drouant, où se réunissent les jurés, que la nouvelle a été proclamée, mercredi 7 novembre.

Annoncé dans la foulée, et dans le même établissement, le prix Renaudot est décerné à Valérie Manteau pour « Le sillon ».

Leurs enfants après eux est le deuxième livre de Nicolas Mathieu, après le roman noir Aux animaux la guerre (Actes Sud, 2014, adapté en série pour France 3). L’écrivain ne faisait guère figure de favori pour le Goncourt, non en raison des qualités de son livre (frappantes), mais parce que sa maison d’édition avait publié le précédent livre récompensé par le prix, L’Ordre du jour, d’Eric Vuillard.

Une chronique en quatre étés

Né à Epinal (Vosges, en 1978), Nicolas Mathieu décrit ici le monde de son adolescence dans les années 1990. Entre 1992 et 1998, on suit des personnages qui poussent dans une vallée perdue de Lorraine. Les hauts-fourneaux se sont tus. Les jeunes tuent l’ennui en éclusant des bières et en matant les filles. Ils écoutent Nirvana. Ils boudent et se bagarrent. Ils s’habituent à la fumette. Ils rêvent de « foutre le camp »…

La splendide chronique de Leurs enfants après eux se décompose en quatre étés. Soit des variations autour de l’impossibilité à prendre son envol, qui a fourni tant de trames aux romans noirs. Cependant, le récit de formation proposé par Nicolas Mathieu n’exsude ni misérabilisme ni nostalgie. C’est un écrivain qui excelle à décrire les peaux qui se rapprochent et les ambitions qui s’éloignent qu’ont récompensé les jurés Goncourt.

Lire (en abonnés) la critique de « Leurs enfants après eux » : Nicolas Mathieu écrit les vies désœuvrées