La stagiaire de la Maison Blanche tente de récupérer le micro des mains de Jim Acosta lors de la conférence de presse du président Trump, le 7 novembre. / JONATHAN ERNST / REUTERS

La Maison Blanche a annoncé mercredi 7 novembre la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de l’accréditation d’un journaliste de CNN, à la suite d’échanges houleux avec le président des Etats-Unis lors d’une conférence de presse organisée après les résultats des élections de mi-mandat.

« Je viens de me faire refuser l’accès à la Maison Blanche », a confirmé sur Twitter Jim Acosta, cible régulière des critiques et des apostrophes « Fake News » de Donald Trump.

« Accusations frauduleuses »

Lors du point du président avec les médias, M. Acosta s’est engagé dans une joute verbale avec le Républicain, qui ne voulait plus lui répondre davantage. Le journaliste a alors refusé de rendre le micro à une membre de l’équipe de la Maison Blanche. La jeune femme a tenté de lui prendre des mains et les bras des deux individus se sont touchés très brièvement.

« Le président Trump croit en une presse libre (…) Nous ne tolérerons cependant jamais qu’un reporter pose sa main sur une jeune femme essayant simplement de faire son travail de stagiaire à la Maison Blanche », a tweeté Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif américain.

« Après l’incident d’aujourd’hui [mercredi], la Maison Blanche suspend l’accréditation permanente du reporter impliqué jusqu’à nouvel ordre », a poursuivi Mme Sanders, sans jamais nommer directement le journaliste.

« Dans son explication, la porte-parole Sarah Sanders a menti. Elle a fourni des accusations frauduleuses et cité un événement qui ne s’est jamais passé », a réagi CNN dans un communiqué. La chaîne a par ailleurs apporté son soutien à M. Acosta et s’est inquiétée d’une « décision sans précédent », qui est « une menace pour notre démocratie ».

Atmosphère électrique

Ce n’est pas la première fois que ce reporter subit les foudres du président des Etats-Unis. Mais mercredi, l’atmosphère était particulièrement électrique entre le locataire de la Maison Blanche et plusieurs journalistes.

« Ça suffit, rendez le micro », a lancé M. Trump à Jim Acosta après un long échange tendu suivant une question sur la « caravane » de migrants venant d’Amérique centrale. Le reporter a alors continué à interroger le président, qui s’éloignait du pupitre pour ne pas répondre.

« CNN devrait avoir honte de vous employer, vous êtes très impoli et une personne horrible », lui a lancé le milliardaire. Le journaliste qui a succédé à M. Acosta au micro a pris la défense de son confrère, le saluant comme un « reporter scrupuleux ».

« Je ne suis pas un de vos grands fans pour être honnête », et « vous n’êtes pas le meilleur », a rétorqué M. Trump, avant de répondre à sa question. Il a également fait taire une autre reporter de CNN, April Ryan, qui tentait de lui poser une question sans avoir le micro.

Le président a ensuite accusé une journaliste noire de poser une question « raciste » après l’avoir interrogé sur sa rhétorique « nationaliste » qui aurait fait le jeu des suprématistes blancs. « Je fais l’objet d’une couverture [médiatique] très inexacte », a-t-il affirmé. « Je pourrais faire quelque chose de fantastique et ils [les journalistes] en feraient quelque chose de mauvais. »

« Ennemis du peuple »

A la fin de la conférence de presse, qui aura duré près d’1 h 30, le locataire de la Maison Blanche a dit espérer que « le ton puisse s’améliorer ». « Mais cela commence avec les médias », a-t-il prévenu : « Je rends les coups et je ne me bats pas pour moi, mais pour le peuple de ce pays ».

Le 45e président des Etats-Unis a de très mauvaises relations avec une partie de la presse de son pays, et accuse ceux qu’il appelle les « Fake News » d’être les « ennemis du peuple ». La semaine dernière, il les avait accusés d’engendrer la « violence » en Amérique après la pire tuerie antisémite jamais perpétrée dans le pays, dans une synagogue de Pittsburgh, et l’envoi de colis piégés à des personnalités et institutions hostiles à son administration.