Le prix Décembre a été attribué, jeudi 8 novembre, à Portrait d’un absent, du romancier et essayiste Michaël Ferrier (Gallimard, « L’Infini », 256 p., 20 €.) Il succède à Dossier M., de Grégoire Bouillier (Flammarion), qui avait reçu la récompense peu de temps après la mort de Pierre Bergé, mécène du Décembre – la distinction ne s’était pas accompagnée en 2017 des 30 000 euros qui en font le mieux doté des prix de fin d’année. En 2018, la fondation Pierre-Bergé offre 20 000 euros au récipiendaire du prix.

Chronique d’une amitié

C’est un très beau livre de deuil qui se trouve ainsi récompensé. Il s’ouvre à la fin 2013 quand, au milieu de la nuit tokyoïte, Michaël Ferrier apprend la mort accidentelle de François Christophe. Ce texte admirablement aérien et fragile fait la chronique d’une amitié trop tôt interrompue. Cette amitié, Ferrier la dit, de l’internat du lycée Lakanal (où ils se sont rencontrés) au Japon, sans en faire un traité ni l’éloge.

L’amitié ne s’écrit pas, elle se raconte, semble finalement démontrer François, portrait d’un absent au gré des saynètes et des digressions – surtout elle se raconte à deux, ce que ce livre donne miraculeusement l’impression de faire jusqu’à son titre (qui est un emprunt au titre d’un film documentaire de François Christophe, justement).

Et c’est en s’estompant, parfois presque en s’absentant, que l’ami qui reste fait une place à l’ami qui est parti, qu’il l’accompagne, qu’il lutte contre l’oubli, « cette seconde mort », « le vrai tombeau », dont la littérature pourrait être l’antidote

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