Depuis début octobre, le prix moyen du gazole a franchi la barre de 1,50 € le litre. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les cours du pétrole baissent, mais pas les prix à la pompe. Jusqu’à maintenant du moins. Les acteurs de la filière des carburants se sont engagés auprès du gouvernement français à « répercuter la baisse des cours du pétrole au jour le jour », a annoncé, jeudi 8 novembre, Bruno Le Maire, à l’issue d’une réunion avec les représentants d’organisations professionnelles du secteur, d’opérateurs pétroliers, ainsi que de représentants des grandes et moyennes surfaces.

« S’agissant des compagnies pétrolières, elles ont pris l’engagement de réduire leurs marges au maximum pour que, là aussi, les prix à la pompe soient les plus bas possibles pour les consommateurs », a affirmé le ministre de l’économie et des finances lors d’un point de presse à Bercy, aux côtés de son homologue de la transition écologique, François de Rugy.

Appel à bloquer les routes

Le gouvernement s’active sur le front des carburants, sur fond de mouvement de grogne d’automobilistes et d’un appel à bloquer les routes le 17 novembre. En début de semaine, le président Macron avait donné pour instruction aux ministres de préparer des mesures d’accompagnement pour atténuer l’effet de la hausse des taxes et du prix des carburants.

Plusieurs mesures ont été étudiées lors de cette réunion, selon trois sources proches du dossier. Au total, elles représentent quelque 400 à 500 millions d’euros d’aides, en incluant la hausse déjà annoncée du chèque énergie, dont le coût avoisine 200 millions d’euros. Conformément au souhait de M. Macron, ce chèque énergie – une aide de 150 et bientôt 200 euros pour payer ses factures d’énergie (fioul de chauffage, gaz, électricité…) – va être amélioré. Une des mesures envisagées est de rendre quelque six millions de foyers éligibles, soit environ 20 % des Français, contre quatre millions actuellement (dont 3,6 millions de bénéficiaires effectifs), selon les sources.

Le chèque carburant écarté

La prime à la conversion des vieux véhicules, l’ex-« prime à la casse », sera également renforcée, face au succès de la mesure pour acquérir des voitures moins polluantes. Comme l’avait évoqué Edouard Philippe la semaine dernière, l’exécutif pourrait s’engager à en financer jusqu’à près d’un million d’ici à 2022, au lieu des 500 000 actuellement prévus.

L’idée d’un chèque carburant versé par l’Etat apparaît, en revanche, écartée. Le gouvernement envisage simplement une défiscalisation : un particulier touchant une aide pour les carburants, comme dans les Hauts-de-France, ne paierait ainsi pas d’impôt sur le revenu sur les sommes touchées.

Enfin, l’exécutif pourrait accélérer la mise en place du forfait versé par l’employeur aux employés se rendant sur leur lieu de travail en covoiturage (200 euros). Prévue pour janvier 2020, cette mesure serait avancée à janvier 2019.

Pour autant, Bruno Le Maire a réaffirmé la volonté du gouvernement de « poursuivre et accélérer la transition énergétique de la France, de façon à ce que la France soit de plus en plus indépendante vis-à-vis des énergie fossiles ». « Tout indique que les prix du pétrole resteront élevés dans les mois qui viennent et resteront élevés dans les années qui viennent », a-t-il souligné jeudi.