Abdou Semmar et Merouane Boudiab, rédacteur en chef et journaliste du site Algérie Part. / DR

Deux journalistes algériens, accusés de « diffamation, de menaces et d’atteinte à la vie privée », ont été remis en liberté jeudi soir 9 novembre, en attendant un « complément d’information ». Le tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger a demandé, tard dans la soirée à l’issue d’une audience publique, « un complément d’information » et ordonné la remise en liberté d’Abdou Semmar et Merouane Boudiab, rédacteur en chef et journaliste du site Algérie Part.

Ils ont été placés en garde à vue le 23 octobre puis en détention préventive deux jours plus tard sur plainte d’Anis Rahmani, patron d’Ennahar TV, plus grand groupe médiatique privé algérien, et d’Abdelkader Zoukh, wali (préfet) d’Alger, selon la défense. Le parquet a requis un complément d’information ou une année de prison ferme.

De nombreuses « irrégularités »

Lors des plaidoiries, les avocats de la défense ont pointé de nombreuses « irrégularités » dans l’enquête préliminaire menée par la gendarmerie nationale. « L’action publique a été déclenchée avant le dépôt de plainte : Abdou Semmar a été placé en garde à vue le 23 octobre à partir de 14 h 30, alors que la plainte d’Anis Rahmani n’a été déposée qu’à 17 heures, selon l’enquête préliminaire », a notamment déclaré Me Zoubida Assoul.

Mercredi, une vingtaine de sites algériens d’information ont dénoncé une « campagne de criminalisation » de la presse électronique algérienne, dont cinq journalistes ont été incarcérés ces dernières semaines, ainsi que des tentatives de la « discréditer ».

Outre Abdou Semmar et Merouane Boudiab, un troisième journaliste, Adlène Mellah, directeur des sites d’information Algérie Direct et Dzair Presse, a été incarcéré le même jour, selon son avocat, dans une affaire de présumé chantage sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnalités algériennes, dont M. Rahmani, ont accusé un cyberactiviste Amir.dz d’avoir exercé sur elles un chantage. Ce journaliste doit comparaître dimanche devant la chambre d’accusation du tribunal d’Alger, selon des avocats.