Soixante-cinq sauveteurs continuaient de déblayer vendredi 9 novembre le tas de gravats de la rue d’Aubagne dans le quartier populaire de Noailles, en plein centre de Marseille, quatre jours après l’effondrement de deux immeubles vétustes, qui a fait au moins sept morts.

Les corps sans vie de cinq hommes et deux femmes ont été retrouvés depuis l’effondrement spontané lundi de ces deux bâtiments. L’un d’eux, muré par la mairie, qui en était propriétaire, était théoriquement vide, tandis que l’autre était une propriété privée. Les autorités pensent que huit personnes pouvaient s’y trouver au moment du drame.

Les opérations de déblaiement et de recherche de victimes sont très délicates depuis le début de la semaine en raison de la fragilité des bâtiments voisins : les marins-pompiers redoutent qu’ils s’effondrent à leur tour, et ont dû en abattre, au moins partiellement, certains. Vendredi matin, dans la zone concernée, de nouveaux logements ont été évacués, par précaution, a-t-on appris auprès de la mairie. Rien que pour la nuit de jeudi à vendredi, la ville a pris en charge et relogé 236 personnes dans des hôtels, a précisé un porte-parole.

« Un maire dans une ville est toujours responsable de tout »

Mis en cause par ses opposants et par des habitants du quartier de Noailles, miné par l’habitat insalubre et vétuste, le maire Les Républicains (LR) de Marseille s’est une nouvelle fois défendu vendredi matin. « Ce qui me contrarie, c’est de sembler dire que nous n’aurions pas fait l’effort nécessaire sur cette politique d’éradication de l’habitat indigne. Je l’ai commencée il y a longtemps », a déclaré celui qui est maire de Marseille depuis vingt-trois ans, tout en déplorant la lenteur des procédures pour intervenir dans des propriétés privées. « Alors aujourd’hui, devant un pareil drame, il faut un bouc émissaire. Naturellement, un maire dans une ville est toujours responsable de tout. Je n’échappe pas à cela », a-t-il ajouté.

Les quatre députés La République en marche (LRM) de Marseille lui ont répondu, dans une lettre ouverte, que les réformes votées ces derniers mois par le gouvernement lui donnaient « les moyens d’action » nécessaires, l’enjoignant de « remettre totalement en cause » sa politique contre l’habitat indigne. « A défaut, il faudra que soit envisagé le retrait de votre compétence en matière d’habitat », menacent-ils. Côté judiciaire, une enquête a été ouverte par le parquet de Marseille, confiée à la police judiciaire, pour faire la lumière sur le déroulement du drame, ses causes, et déterminer d’éventuelles responsabilités.