• Domenico Scarlatti
    Sonatas

    Jean Rondeau (clavecin)

Pochette de l’album « Sonatas. Scarlatti », par Jean Rondeau (clavecin). / ERATO / WARNER CLASSICS

Avec une poignée de quinze des 555 sonates pour clavecin composées par Domenico Scarlatti, le clavecin de Jean Rondeau construit un véritable tour du monde. Une épopée aventureuse autant qu’aventurière, peuplée de trésors dont il semble rappeler l’origine merveilleuse. Technique délirante, virtuosité expressive, flamboyance picaresque, l’interprète à la crinière d’homme des bois se révèle d’une imagination aussi inspirée que prodigieuse. C’est que Rondeau a le goût du risque, et que son clavecin ne lui refuse rien, éperonné qu’il est par cet alchimiste de l’âme, avide d’expérimentation, entre tendresse et désir, passion et démiurgie. Marie-Aude Roux

1 CD Erato/Warner Classics.

  • Hans Zender
    Schuberts Winterreise

    Julian Prégardien (ténor), Deutsche Radio Philharmonie, Robert Reimer (direction)

Pochette de l’album « Schuberts Winterreise », d’Hans Zender. / ALPHA CLASSICS / OUTHERE

Allemand né en 1936, Hans Zender est surtout connu comme chef d’orchestre. Sa production de compositeur mérite pourtant le détour, surtout quand elle opère, comme ici, le détournement nullement sacrilège d’une œuvre de référence. Du célèbre Winterreise de Schubert (Voyage d’hiver, cycle de 24 Lieder), Zender ne retient que la trame mélodique et parfois harmonique. La voix glisse occasionnellement du chanté au parlé, le piano d’accompagnement fait place à un petit orchestre d’où émergent accordéon, harmonica ou saxophone soprano, des instruments que Schubert ne pouvait avoir en tête. Pourtant, cette « interprétation composée », selon le sous-titre donné par Zender, permet vraiment d’accéder à l’esprit du créateur romantique et de percevoir son œuvre comme le saisissant écho d’une errance morale. Moins nuancée que la référence signée par l’Ensemble Modern (en 1994, pour le label RCA), cette nouvelle version vaut surtout pour la présence hallucinante du soliste, Julian Prégardien. Pierre Gervasoni

1 CD Alpha Classics/Outhere.

  • Lisa Ekdahl
    More of the Good

Pochette de l’album « More of the Good », de Lisa Ekdahl. / OKEH / SONY MUSIC

La Suédoise Lisa Ekdahl, voix caressante, au souffle retenu, avec une pointe enfantine, si elle a d’abord connu une reconnaissance, à la fin des années 1990, hors de son pays natal, en passant par le jazz, avait fait ses débuts, en 1994, en abordant le registre de la pop. Ce qui finalement est ce qui lui convient le mieux, avec cette petite touche que l’on peut qualifier de « jazzy ». Son nouvel album, More of the Good, est sur ce plan, son plus réussi à ce jour. Avec des arrangements discrets, qui reposent sur une rythmique fluide, de fines guitares, des gouttelettes de claviers, qui donnent de jolies couleurs à l’ensemble, le recours le plus souvent au tempo lent de la ballade. Dans cet ensemble, une nouvelle fois séduisant, l’on retiendra surtout les chansons d’ouverture Let’s Go To Sleep, Playful Heart of Mine, le flottement de Thorn in My Heart, avec une clarinette fantomatique, Sweet Feeling of Freedom et In Dreams, de fait précieuse rêverie musicale annoncée par le titre. Sylvain Siclier

1  CD Okeh/Sony Music.

  • The last detail
    The Last Detail

Pochette de l’album « The Last Detail », de The Last Detail. / ELEFANT RECORDS / DIFFER-ANT

Chanteur, compositeur et arrangeur, Mehdi Zannad tient une place atypique dans le paysage pop hexagonal. Cet architecte de formation voue une obsession à la pop des années 1960, sous l’égide des harmonies célestes des Beach Boys et des orchestrations aristocratiques de Burt Bacharach. Une marotte talentueusement digérée dès ses débuts anglophiles sous l’identité Fugu en 2001, puis dix ans plus tard sous la déclinaison française Fugue. L’orfèvre nous revient avec The Last Detail, une collaboration avec la New-Yorkaise Erin Moran alias A Girl Called Eddy, songwriter tout aussi mordue de mélodies léchées. Sur ces treize titres à la production soignée, étoffée par les cordes de l’orchestre balkan de Skopje, le duo à l’esprit néoromantique se partage équitablement le chant. Que ce soit en mode sunshine pop avec les irrésistibles Fun Fair et Trust Your Buddy, ou synthétique avec Talk To Me, The Last Detail excelle dans l’art du refrain radieux et frais comme une aurore d’avril. Un pur ravissement. Franck Colombani

1 CD Elefant Records/Differ-ant.