Des pompiers s’apprêtent à soulever le corps d’une des huit victimes retrouvées dans les décombres des deux immeubles effondrés de la rue d’Aubagne à Marseille, le 6 novembre 2018. / LOIC AEDO / AFP

Six jours après l’effondrement de deux immeubles qui a fait au moins huit morts à Marseille, des habitants et des associations organisent samedi 10 novembre une marche blanche pour rendre hommage aux victimes mais aussi exprimer leur colère à l’encontre de la mairie. A partir de 15 heures, les manifestants défileront du métro Notre-Dame-du-Mont, en haut de la rue d’Aubagne où se sont effondrés les immeubles, jusqu’au Vieux-Port.

Tout au long de la semaine, les critiques à l’égard de la gestion de Jean-Claude Gaudin, maire LR de Marseille, aux manettes de la ville depuis vingt-deux ans, n’ont cessé de croître. Vendredi, alors que le préfet tenait une conférence de presse, des manifestants scandaient sous la pluie « Gaudin assassin ! » devant la préfecture.

40 000 logements indignes à Marseille

Jean-Claude Gaudin se défendait une nouvelle fois vendredi matin. « Ce qui me contrarie, c’est de sembler dire que nous n’aurions pas fait l’effort nécessaire sur cette politique d’éradication de l’habitat indigne. Je l’ai commencée il y a longtemps », a déclaré le maire, tout en déplorant la lenteur des procédures pour intervenir dans des propriétés privées. « Alors aujourd’hui, devant un pareil drame, il faut un bouc émissaire. Naturellement, un maire dans une ville est toujours responsable de tout. Je n’échappe pas à cela », a-t-il ajouté.

Les opposants au maire dénoncent l’« incurie des autorités », à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, qui pointe du doigt « l’indifférence aux pauvres ». Le député de La France Insoumise a annoncé sa présence samedi à la marche blanche.

La sénatrice PS Samia Ghali, qui a proposé son aide à la mairie centrale, dénonce elle aussi le « développement de l’habitat insalubre à Marseille qui avait été largement porté à la connaissance des pouvoirs publics au travers du Rapport Nicol en 2015 ». Ce rapport remis au gouvernement en 2015, faisait état de 40 000 logements indignes à Marseille, menaçant la sécurité de près de 100 000 habitants (sur les 860 000 habitants de la cité phocéenne selon l’Insee).

Les opérations de déblaiement qui vont continuer encore plusieurs jours

Vendredi soir, les corps de cinq hommes et trois femmes découverts sous les décombres de l’immeuble numéro 65 rue d’Aubagne - le seul habité selon les autorités - ont été identifiés. Cinq des victimes étaient des locataires, et trois des visiteurs présents au moment de l’effondrement de l’immeuble.

Soixante-cinq sauveteurs continuent de déblayer le tas de gravats de la rue d’Aubagne, dans le quartier populaire de Noailles. Les opérations de déblaiement devraient encore durer « des jours » selon les marins-pompiers. Des opérations très délicates en raison de la fragilité des bâtiments voisins, dont certains menacent de tomber en ruine.

Dans la rue d’Aubagne et à ses abords, des immeubles avoisinants ont été évacués dans la semaine, par précaution, et par crainte d’un « effet domino ». Dans la nuit de jeudi à vendredi, la ville a pris en charge et relogé 359 personnes.

Des experts venus de Paris doivent prêter main-forte à la municipalité pour auditer les bâtiments les plus proches de la catastrophe, a aussi annoncé le préfet de région Pierre Dartout vendredi, indiquant qu’en fonction des conclusions de ces experts « d’autres déconstructions » pourraient être envisagées.

Côté judiciaire, une enquête a été ouverte par le parquet de Marseille, confiée à la police judiciaire, pour faire la lumière sur le déroulement du drame, ses causes, et déterminer d’éventuelles responsabilités.

Effondrement d’immeubles : « 450 000 logements insalubres en France »
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