Des partisans de l’opposition visionnent une retransmission du procès de Laurent Gbagbo devant la CPI, à Abidjan, le 1er octobre 2018. / ISSOUF SANOGO / AFP

La défense de Laurent Gbagbo a plaidé devant la Cour pénale internationale (CPI), lundi 12 novembre, l’acquittement de l’ex-président ivoirien des crimes contre l’humanité dont il est accusé, dans un procès qui repose selon elle sur une « déformation de l’histoire ». « Il s’agit de justice. Il s’agit d’examiner s’il convient de mettre un terme à une procédure dont il apparaît qu’elle n’est fondée sur rien », a déclaré Me Emmanuel Altit lors de la première journée des audiences sur la demande d’acquittement.

En détention depuis sept ans, M. Gbagbo, 73 ans, est jugé pour des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Il est le premier ancien chef d’Etat à avoir été remis à la CPI, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas. Il est accusé, ainsi que Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l’ancien président, de quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Tous deux ont plaidé non coupables.

« Fausse réalité »

Les violences en Côte d’Ivoire ont fait plus de 3 000 morts en cinq mois, entre décembre 2010 et avril 2011, durant une crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle. L’ex-président ivoirien s’est « accroché au pouvoir par tous les moyens » et a fomenté une campagne de violences pour tenter de le conserver, a martelé l’accusation depuis le début du procès, en janvier 2016.

« C’étaient les rebelles qui attaquaient et les forces de sécurité de Côte d’Ivoire qui se défendaient », a déclaré lundi Me Altit, qui a évoqué une « déformation de l’histoire ». « C’est ce qui ressort de tous les témoignages. Et c’est ce que le procureur tente désespérément de cacher. Car alors disparaîtrait la fausse réalité qu’il vous présente et apparaîtrait la véritable réalité. Celle d’une attaque planifiée contre les institutions, devant permettre à Alassane Ouattara de se saisir du pouvoir par la force », a insisté la défense.

Les audiences sur la demande d’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé se tiendront jusqu’au 22 novembre. La décision des juges pourrait prendre plusieurs mois.